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Palazzu Nicrosi, demeure de charme au Cap Corse

Edifié en 1877 par Pierre-Marie Nicrosi, le Palazzu Nicrosi est une maison bien connue des capcorsins. Depuis plus de 150 ans, cette « maison d’Américains » domine majestueusement la vallée de Rogliano et est sans doute l’une des plus belles du Cap Corse. Paul Saladini, descendant de Pierre-Marie, et sa femme Aline, ont souhaité lui offrir une nouvelle vie, en la rénovant et en y ouvrant des chambres et une table d’hôtes.

Une maison chargée d’histoire
En 1852, Pierre-Marie Nicrosi, alors âgé de 15 ans, émigre « aux Amériques ». Il retrouve, à Montgomery (Alabama), son oncle Matthieu Strenna, qui y possédait une société agricole et commerciale. Il y fait fortune et décide de faire construire à Rogliano, proche des ruines du Château de San Colombano, une demeure exceptionnelle : le Palazzu Nicrosi. Cette dernière se compose de trois étages, d’un sous-sol et d’un grenier, et comprend un intérieur travaillé, notamment agrémenté de belles fresques.

« Près de 150 ans après, cette superbe maison, transmise de générations en générations, se retrouve entre les mains de Paul et Aline Saladini. »

Paul et Aline Saladini
Paul Saladini est un descendant de Pierre- Marie Nicrosi. Ce jeune entrepreneur de 32 ans, originaire de Macinaggio par sa mère, et de Rogliano par son père, a grandi à Patrimonio. Le Palazzu Nicrosi est un lieu où, depuis toujours, il partage des moments en famille. Après avoir étudié au lycée à Bastia, il apprend le droit à la faculté d’Aix en Provence, puis devient avocat spécialisé en droit de la construction et en urbanisme.

Un changement radical de projet professionnel
Paul se reconvertit ensuite dans l’immobilier, jusqu’au jour où il décide de changer radicalement de vie professionnelle, pour monter un projet de chambres d’hôtes au sein de la maison de famille qui lui est si chère, le Palazzu Nicrosi. Aline, quant à elle, est originaire d’Oletta. Elle grandit à Marseille et y passe la première partie de sa vie étudiante. Elle étudie ensuite à Corte, où elle réalise une maîtrise de lettres modernes. Depuis dix ans, elle travaille à la mairie d’Oletta, dont elle est directrice. Il y a quatre ans, l’opportunité de reprise de la maison familiale qu’ils apprécient tant se présente.

Rénover la maison et l’ouvrir à des hôtes pour la faire vivre
Au décès de l’une des deux héritières de la maison, se pose la question de son avenir.  Paul et Aline imaginent alors un projet simple : rénover la maison et l’ouvrir à des hôtes pour la faire vivre. Ils tentent ainsi de convaincre les indivisaires restants. « Il a fallu expliquer le projet à tout le monde, le faire accepter » explique Paul. Ce dernier réussit finalement à convaincre ses proches et à attirer la confiance des banques. «Nous avons racheté les dernières parts en août dernier » indique Paul.

D’importants travaux réalisés 
Le projet débute par une importante rénovation. En effet, le Palazzu commençait réellement à s’abimer, et ne pouvait contenir qu’une occupation spartiate. Les deux jeunes capcorsins décident donc d’entreprendre d’urgence des travaux d’une certaine ampleur, qui ont finalement durés près d’un an, afin de donner une vraie bouffée d’air au Palazzu.

L’embellir dans le respect de la confection d’origine
La ligne directrice de la rénovation a été d’embellir dans le respect de la confection d’origine. C’est la raison pour laquelle ils ont privilégié, par exemple, la peinture à la chaux et ont conservé les menuiseries, les sols d’origine, etc.

Le Palazzu a pu ouvrir ses portes fin mai
Les délais ont finalement été tenus, et le Palazzu a pu ouvrir ses portes fin mai. Cela a aussi été possible grâce à un travail d’équipe. « Tout était compliqué, et nous avons eu la chance de tomber sur des personnes qui savent réellement faire, comme Fabien Pieralli, notre constructeur », précise Paul.

Une rénovation chargée d’histoire
A travers cette rénovation, Aline et Paul ont aussi appris sur l’histoire de leurs ancêtres. Ils ont retrouvé notamment de nombreux meubles et objets qui ont chacun une histoire, comme des chaises, des tommettes, etc. En discutant avec les constructeurs, ils ont découvert quelques subtilités concernant la structure même de la maison (corniche, piliers, etc). « On a retrouvé beaucoup de choses qui étaient destinées à être perdues et qui vont être mises en valeur », précise Paul.

Favoriser une occupation raisonnée et bourgeoise
Aline et Paul ont imaginé assez naturellement un projet de chambre et table d’hôtes, qui convient à la vision qu’ils ont de la maison. Le nombre de chambres est limité à cinq car ils veulent préserver une occupation conforme à l’occupation qu’ils connaissent, qui est incompatible avec le régime hôtelier pur.

« Nous sortons des codes hôteliers traditionnels. Mais cela ne nous a pas empêché de prendre conseil auprès d’amis hôteliers concernant l’accueil ou le service par exemple», explique Paul.

S’inspirer des lieux visités en voyage
Ayant beaucoup voyagé, le couple a pu s’inspirer des lieux privilégiés qu’ils ont visités pour proposer à leurs clients un cadre hors du commun et une atmosphère de tranquillité. « Quelque chose se dégage ici, et il nous semble primordial de le faire ressentir aux gens » souligne Paul. L’occupation maitrisée et bourgeoise qu’ils souhaitent privilégier, comme elle l’était au XIXème siècle, permettrait selon eux de conserver la maison telle qu’elle est.

Un lieu de réception
Le Palazzu Nicrosi est aussi un lieu de réception, qui pourra accueillir divers évènements.  « La maison a toujours reçu beaucoup de monde, notamment à travers la politique car tous les membres de ma famille ont fait de la politique. Paul Doumer, président de la république a même mangé ici », raconte Paul. Des mariages et garden party sont d’ores et déjà prévus cet été au Palazzu.

Des projets à venir 
A court terme, la priorité d’Aline et Paul reste de pouvoir accueillir leurs premiers clients avec soin. A plus long terme, l’accent sera sans doute mis sur les extérieurs, et notamment sur le grand parc qui entoure la maison. Un premier objectif réussi : conserver la maison dans famille pour protéger une identité familiale.

« Protéger cette maison, qui est le navire amiral de la famille, c’est aussi protéger un nom, une identité. Nous souhaitons transmettre à nos enfants l’amour de cette maison tel qu’on nous l’a transmis », confie Paul.

En savoir plus

Site – www.palazzu-nicrosi.com
Facebook – Palazzu Nicrosi
Interview réalisée par Pauline Biaggi
Crédit photo : Armand Luciani