Winterfall, un jeu vidéo d’aventure made in Corse
Autodidacte et fan des jeux vidéos, Fabien Mariani a décidé de réaliser son rêve : Créer un jeu vidéo, où l’on peut évoluer dans un univers inspiré des paysages corses. Il va même plus loin en utilisant comme langue principale entre les personnages le Corse avec un sous-titrage en anglais. Une belle manière d’intégrer la Corse dans l’industrie du jeu vidéo qui représente plus d’un millliard de joueurs sur la planète. Il nous explique se démarche sur Pari(s) sur la Corse.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Fab Mariani. Je suis Corse, né dans l’île, où j’ai vécu plus de 30 de mes 37 années. Depuis ma petite enfance je suis passionné d’imaginaire, de mythe et d’univers virtuels mais également de nature, de montagne, d’espaces sauvages. J’ai toujours créé, par le dessin et l’écriture notamment, rêvant d’autres horizons nourris par l’image, la littérature et la musique. L’ennui et le manque de stimulation mentale étant mes grands ennemis, j’ai fini par comprendre que si je n’investissais pas toutes mes forces dans un grand projet captivant, je ne serais jamais assouvi. Alors, ces dernières années, j’ai décidé d’unir mes passions et d’entreprendre Winterfall.
La Corse c’est…
Vaste question ! Quand j’étais plus jeune, la Corse était un enclos fermé dont je déplorais le manque d’ouverture vers l’ailleurs. Au fil des années, à mesure que mon identité s’est édifiée, la dimension de terreau nourricier de la Corse, où plonger ses racines, s’est faite de plus en plus évidente. Je suis beaucoup allé et venu entre ici et le Continent et cette sécurité dans le fait de toujours pouvoir revenir a été fondatrice pour moi, probablement comme beaucoup de Corses : elle m’a permis d’aller à la rencontre de l’ailleurs sans risque de déracinement. Aujourd’hui, après avoir pendant de longues années cherché à « m’échapper », je cherche à apporter à la Corse un témoignage de ce qu’elle-même m’a apporté et de contribuer à ouvrir des possibilités pour les plus jeunes que moi et pour l’avenir.
Quand est née votre passion pour les jeux vidéos ?
En tant que fusion du ludique et de l’imaginaire, deux de mes affinités les plus fondamentales, je pense que la sensibilité au jeu vidéo a toujours été là. Les premiers ordinateurs que j’ai eu l’opportunité de voir ou d’utiliser, enfant, m’ont instantanément fascinés. L’informatique, c’est le symbole vivant. Dans un jeu vidéo, tout est symbolisé. Le sens du symbole et les possibilités du virtuel m’ont immédiatement séduit et bien sûr, la dimension sociale : Jouer ensemble, jouer l’un contre l’autre… Tout cela m’a tellement apporté, intellectuellement, socialement, humainement… Mais c’est probablement le contact avec Zelda, le premier jeu en monde ouvert auquel j’ai pu jouer, qui a vraiment scellé l’affaire en me donnant un sens de ce qui était possible : un ailleurs captivant, mythique, interactif, à explorer et duquel résoudre les énigmes et surmonter les défis.
Quelle formation avez-vous faite ?
Je suis autodidacte. Quand s’est posée la question de mon orientation post-bac, les opportunités d’aller vers le jeu vidéo n’étaient pas particulièrement évidentes et à l’époque (1998), le jeu vidéo n’était pas un domaine globalement pris très au sérieux. Puis la vie a suivi son cours. J’ai beaucoup joué, beaucoup observé, beaucoup conçu et toujours gardé cette perspective d’un jour trouver le moyen de me lancer. Une fois lancé, j’ai dû développer les moyens nécessaires pour résoudre mes lacunes. Le soutien moral et matériel de mes amis a été crucial.
Quand et comment est né le projet Winterfall ?
Le projet tel qu’il existe aujourd’hui a démarré le 15 Décembre 2012. C’est le jour où j’ai décidé de me lancer. Avant cela, il était en gestation depuis probablement quinze ou vingt ans. Je me souviens avoir eu des « idées » de mécanismes alors que j’étais encore au collège et que réaliser un jeu était hors du champ des possibles, et ces idées ont survécu jusqu’à ce que je lance Winterfall.
Winterfall est né de ce profond désir de vivre une certaine expérience de jeu
Immersive, riche, interactive, qu’aucun jeu ne proposait plus. J’ai fini par comprendre qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même et que si je voulais jouer à un jeu du calibre de Winterfall, et vivre une telle expérience avec mes amis, comme nous en avions toujours rêvé, il allait falloir que je me mette à sa réalisation.
Pourquoi ce nom ?
« Winterfall » signifie « la tombée de l’hiver » en anglais. Cela résume un point central des mécanismes de jeu et de l’univers de jeu : une brève ère glaciaire qui cycliquement anéantit la civilisation. C’est contre cette extinction programmée que les joueurs vont devoir lutter, en tâchant de construire un patrimoine suffisamment fort et suffisamment bien ancré pour survivre à cette fin des temps glaciaire.
Combien de personnes travaillent sur le développement du jeu ?
L’équipe est faite d’une poignée d’électrons libres qui vont et viennent selon les besoins du projet. En tous, une demi-douzaine de personnes environ. Avec l’ouverture de la dimension « langue Corse » du jeu et l’alliance de Winterfall avec le collectif Corsica Sound, ce nombre est voué à considérablement s’élargir.
Son synopsis en quelques lignes ?
Le joueur s’aventure dans les ruines sauvages de l’Ancien Royaume, déserté il y a bien longtemps dans des circonstances historiques oubliées. A la recherche de la mémoire perdue de l’Ancien Royaume, le joueur surmontera des épreuves d’immersion dans un environnement vivant et hautement simulé, afin de ramener cette connaissance à son clan, pour le rebâtir et révéler son histoire et comprendre quelle fut sa place dans les tragédies de l’Ancien Royaume.
Un monde immense inspiré par les paysages Corses
Un monde immense inspiré par les paysages Corses, un système de personnalités virtuelles dotant chaque entité dans le jeu d’une histoire, d’une personnalité, de buts et de motivations, un niveau de simulation poussé et bien sûr, la langue Corse omniprésente.
Participer du développement de la Corse dans l’industrie du jeu vidéo
Outre obtenir un succès d’estime et un succès commercial, j’ambitionne Winterfall comme la tête de pont de la Corse dans l’industrie du jeu vidéo. Avec quasiment un milliard de joueurs sur la planète, 100 milliards de dollars par an de chiffre d’affaire et une croissance de 20% par an jusqu’ici, le jeu vidéo est le divertissement du futur. Emmener la Corse sur ce marché, c’est lui offrir l’opportunité d’un immense rayonnement culturel. Emmener cette industrie en Corse, c’est offrir à notre île des possibilités de développement économiques considérables.
Quelles ont été vos sources d’inspiration ?
Des jeux comme Zelda, Ultima, Les Sims ou Mount & Blade. L’oeuvre de J.R.R. Tolkien (Seigneur des Anneaux, Hobbit, Silmarillion), les mythologies de l’Europe et de la Méditerrannée et bien sûr, trônant sur tout cela, la Corse elle-même, son incroyable patrimoine naturel ainsi que son âme sauvage captivante.
A qui s’adresse t-il ? Sera-t-il accessible sur ordinateur, console ?
Winterfall s’adresse à un public de joueurs férus d’aventure et d’exploration, mais également de développement et de customization, qui recherche une experience de jeu immersive et durable et qui sache les surprendre et les stimuler. Pour le moment, le PC est la plate-forme choisie mais à terme, une sortie sur console pourrait être envisageable, grâce au soutien d’éditeurs que Winterfall a su intéresser durant ces dernières années et qui nous ont spontanément contactés.
Comment financez-vous le projet ?
De par la nature totalement indépendante du projet, le processus financement est une chose continue. Cette indépendance, couplée à une certaine agilité, nous a permis de diviser les coûts de développement par 10 ou plus. Aujourd’hui, nous effectuons une collecte de fonds sur la plate-forme Leetchi pour obtenir les 10.000 euros qui nous permettront de transitionner plus sereinement vers la phase suivante du projet: la version Alpha, première version véritablement jouable par des testeurs et spécialistes.
Merci aux équipes de Corsica Sound
Merci à la participation de Corsica Sound et plus particulièrement de Frédéric Antonpietri, son meneur: Autant je porte le développement de Winterfall sur mes épaules depuis quasiment 5 ans, autant Frédéric est devenu mon partenaire pour tout ce qui est de l’interfaçage de Winterfall avec les médias et le public au sens large et son collectif, Corsica Sound, va se charger de toute la dimension langue Corse (notamment en audio) du projet, ainsi très probablement que de tout une partie musicale.
En savoir plus
Winterfall – Financement sur Leetchi
Facebook – Winterfall
Crédit photos – Armand Luciani