Xylella : Une Serial Killeuse en Corse
Ça y est, elle est arrivée en Corse ! Aperçue du côté de Propiano, elle se fait discrète préférant le calme à la foule. C’est dans la région des Pouilles en Italie que l’on avait perdu sa trace il y a quelques mois. Arrivée du Brésil et d’Amérique du Sud où elle y avait fait une tournée triomphante, la Killeuse (son nom de scène) poursuit son ascension en Europe. De passage sur le contour Méditerranéen, elle tombe sous le charme de sa flore, passion qu’elle entretient depuis son plus jeune âge. Et c’est donc aujourd’hui en Corse qu’elle vient s’adonner à son activité préférée ! Focus sur une carrière qui ne fait que débuter et qui va faire des ravages !
L’introduction de cet article pourrait prêter à sourire si le sujet n’était pas des plus sérieux. Car je ne parle pas ici de Beyoncé, venant ramasser des olives en talons hauts, mais de Xylella Fastidiosa, une serial killeuse bien moins sexy qui potentiellement peut mettre un coup de frein radical au développement entrepreneuriale d’une Corse dynamique.
Une serial killeuse en liberté.
Son nom : Xylella Fastidiosa. Elle fait partie d’une famille de bactéries qui se nourrissent de la flore. Certaines souches sont responsables de maladies mortelles chez diverses espèces de plantes cultivées dont les vignes, les oliviers et les agrumes. En Corse, 200 espèces sont menacées ! Pour simplifier, c’est toute l’économie de l’île qui peut être impactée par la propagation de cette bactérie tueuse.
Les insectes se chargent de sa propagation.
Car c’est les insectes qui se chargent de sa propagation. On les appelle « les insectes vecteurs ». Habitués à venir dans des plantes hôtes, ils cohabitent avec cette bactérie connue pour ses capacités d’adaptations rapides aux antibiotiques et à la résistance immunitaire des plantes qu’elle cible. Aujourd’hui aucun traitement efficace n’a été trouvé. La solution se trouve donc en amont dans la prévention.
Une prévention en amont qui doit être à la hauteur du risque encouru.
Acteurs économiques, politiques, particuliers, professionnels, tout le monde doit être mobilisé pour éviter la propagation. Car c’est bien la prévention qui aujourd’hui reste la plus efficace face à un phénomène pour lequel il n’existe aucun traitement pour soigner les plantes contaminées qu’elles soient à l’état sauvage ou cultivées.
Des décisions prises qui font débat.
Le ministère de l’Agriculture a lancé un plan d’action depuis septembre 2014. Les contrôles à l’importation ont été renforcés, « en lien avec les autorités italiennes« . Ce week-end le Conseil régional de la politique animale et végétale fera un point pour annoncer de nouvelles mesures pour la Corse après celle adoptée le 11 mai dernier t’interdire l’importation de 200 espèces végétales. En attendant les plantes contaminées ont été arrachés jeudi ! Une action bien timide pour certains qui se font entendre à Corte et à Ajaccio et sur les réseaux sociaux. Ils continueront de manifester tant qu’il n’y aura pas d’autres mesures mises en oeuvre au plus vite.
En cas d’infection : destruction immédiate de toutes les plantes contaminées.
Au niveau européen, Bruxelles a imposé une zone tampon autour du foyer de l’infection en Italie du sud. Une zone de 20km dans laquelle les arbres doivent être abattus. Si un nouveau foyer émerge, Bruxelles demande de détruire toutes les plantes contaminées et d’accroitre la surveillance dans un rayon de 100 mètres.
Un nouveau cas qui doit être pris très au sérieux.
Après un cas détecté le 15 avril sur un plant de caféier à Rungis et après avoir ravagé les Pouilles où plus d’un million d’arbres sont malades, Xylella a été détecté en Corse. L’île qui se sentait menacée par sa proximité avec la péninsule italienne et le nombre d’importations de plantes en provenance de ce pays. Une très mauvaise donc qui doit être prise très au sérieux. C’est en effet un risque de destruction de la matière 1er qui fait la richesse d’une île aimée pour sa gastronomie, sa cosmétique, son vin…Pari(s) sur la Corse met en avant les initiatives des anciens et des plus jeunes qui depuis quelques années redynamisent la Corse avec des projets innovants. C’est le cas de Corsica Beauty, des vins de Mlle D….Mais aussi de tous ceux qui font avec des olives et des châtaignes par exemple, des produits transformés et appréciés par tous. Pour que le pire n’arrive pas et pour poursuivre le développement d’une Corse fragile mais au combien riche de diversité, mobilisons tous et soyons vigilants !
Le 12 avril, un article sur Le Monde.fr dans « M Ma planète » ( dont est issue l’image à la une de cet article) traitait déjà du sujet de manière alarmiste. Une enquête dans laquelle Don Pierre Corsi, 32 ans, un enfant du village de Sainte-Lucie de Tallano affirmait : « Si la bactérie parvient jusqu’ici, tout sera dévasté ». Espérant qu’il soit encore temps de lui prouver qu’il avait tord. Lire la suite de l’article de Rémy Barroux sur M Ma planète.
En savoir plus :
Article M Ma Planète : L’épidémie se Corse
Photos : Corse Matin & Corse Net Infos & Le Monde.fr + image à la une (droit image) : Bonhomme sur Le Monde.fr