Une ferme d’avenir en Corse
L’association Fermes d’Avenir, créée fin 2013, porte un projet sociétal ambitieux pour promouvoir un nouveau modèle d’agriculture, basé sur les principes de l’agroécologie et en phase avec le contexte socio-économique actuel. Pour résumer plus simplement, le projet encourage une agriculture écologique, innovante et réjouissante ! Une approche scientifique et environnementale dans laquelle se retrouvent Maria et Sylvain. Et c’est sur leur terre à Cozzano en Corse du Sud, un futur « Smart Village », qu’ils produisent du safran, du miel et de nombreuses autres espèces de fruits et légumes. Lauréat pour la Corse du concours « Fermes d’Avenir » créé par La Ruche Qui Dit Oui, la 1er communauté d’achat en direct auprès de producteurs locaux, ils nous expliquent leur passion. Rencontre avec une ferme d’avenir pleine d’ambitions sur Pari(s) sur la Corse.
Pouvez-vous vous présenter ?
Maria : Je suis originaire de Bastia et du Cap Corse. Installée depuis 2013 en apiculture, j’ai aussi travaillé dans la restauration. J’ai toujours été motivée dans ma production agricole par la mise en place d’une ferme auberge permettant de satisfaire mon plaisir de créer ma cuisine à partir de mes produits et surtout de la partager.
Sylvain : Du côté maternel, ma famille est originaire de Cozzano. Je suis venu m’y installer il y a plus de 10 ans en y exerçant une activité de consultant en environnement puis accompagnateur en moyenne montagne. Ces « retours à la terre » successifs m’ont poussé à finir par la cultiver.
La Corse c’est…
Maria : C’est ma terre de naissance, un espace à la fois étroit et infini. C’est un endroit indubitablement tourné vers le reste du monde. C’est aussi un laboratoire culinaire extraordinaire, entre les richesses intrinsèques de l’île et ses possibilités infinies de mélange avec les cultures de Méditerranée et d’ailleurs.
Sylvain : C’est un discours de vérité, tant dans sa dimension esthétique, sauvage et pure, que dans les valeurs que sa culture véhicule. C’est un attachement familial très fort.
Sylvain, pourquoi exploiter et produire du Safran ?
Ma mère et son frère ont réussi à sortir les terres familiales de l’indivision qui les rongeait. Ces terres de montagnes, terrassées, accessibles et à forte valeur agronomique ne pouvaient rester inexploitées. Il fallait leur redonner leur dimension productive. La qualité de la terre et la faible superficie des parcelles sont adaptées pour une culture de safran dont la noblesse et la puissance aromatique m’ont immédiatement conquis.
Maria, qu’aimes-tu dans la production du miel ?
J’aime ce produit, son histoire et ses vertus ! J’étais curieuse de connaitre ses méthodes de production et j’ai fini par en réaliser. Et puis l’apiculture est un espace ouvert, il y a différentes techniques, différents miels et différents produits qu’il est possible de réaliser avec le miel. Les combinaisons sont multiples et il faut trouver un équilibre permanent entre le contexte naturel et les abeilles. C’est un métier où il faut toujours être à l’affut sur les changements de végétation et l’arrivée des floraisons.
Depuis quand produisez-vous à Cozzano ?
Le safran est produit depuis plusieurs années. Les ruches de Maria ont rejoint l’exploitation en 2015, année où nous avons mis en place les premières plantations maraichères.
Que peut-on y trouver ?
Nous produisons jusqu’à 4 miels différents, tous en AOP. Le maraichage est orienté vers des variétés de montagne en agriculture biologique. Cette année nous travaillons sur une cinquantaine de variétés différentes : légumes, plantes aromatiques, fruits du verger. Nous cherchons à exploiter les variétés locales les plus rustiques et des variétés d’ailleurs.
Le sol est notre bien le plus précieux.
Notre choix se fait aussi en fonction de critères gastronomiques puisque nous cherchons à transformer notre production pour développer une gamme de produits de bouche. Nous souhaitons orienter notre système de production vers la permaculture et l’agroforesterie qui sont 2 principes qui permettent d’optimiser l’utilisation de l’espace, les rendements et la biodiversité. Ces modes de production respectent et maintiennent la vie du sol qui est notre bien le plus précieux.
Vous êtes lauréat pour la Corse du concours « Fermes d’avenir » ?
Oui c’est une belle surprise. Nous n’avons pas la prétention d’être une ferme « modèle ». De nombreux exploitants proposent des produits de grande qualité et nous n’avons rien inventé et nous ne faisons que refaire ce que nombre de nos anciens faisaient dans le temps. Aujourd’hui cela apparait comme moderne car plus respectueux de la terre et des produits. Nous associons en plus l’utilisation des nouvelles technologies pour communiquer et pour être plus proche du consommateur final.
Justement comment utilisez-vous le numérique dans votre quotidien ?
Nous utilisons beaucoup le web pour la vente en ligne, les réseaux sociaux pour nous faire connaître et nous allons mettre en place cet hiver une application pour smartphone grâce à un outil développé par les ajacciens de « Good Barber » du CampusPlex.
Une application pour se rapprocher du consommateur.
Cette application va nous permettre de communiquer sur la mise en vente de nos produits au fur et à mesure de leur sortie de l’atelier de transformation avec la possibilité de réserver des paniers à retirer au marché d’Ajaccio. Elle va également informer de notre présence sur des marchés locaux et sur l’ouverture et le menu de la ferme auberge avec la possibilité de réserver en ligne.
Que vous apporte votre prix à « Fermes d’avenir » ?
L’enveloppe allouée va nous donner ce « coup de pouce du début » qui fait que nous pouvons rentrer immédiatement dans le vif du sujet. Nous allons pouvoir équiper notre laboratoire, créer notre gamme et notre identité visuelle sans avoir à courir après les banques. Dès cet hiver, nous serons donc productifs ! Ce concours c’est un réjouissant accélérateur de développement.
Créer un espace de détente, de bien-être et de dégustation.
Un lieu en perpétuel mouvement, en fonction des productions et des saisons. Nous voulons en faire un espace ouvert et pédagogique, notamment pour les enfants des écoles du canton. Nous allons aussi créer une serre bioclimatique qui va nous permettre de produire nos plants sans être tributaires du climat « rigoureux » de montagne.La ferme-auberge que nous souhaitons ouvrir sur notre exploitation serait le point d’orgue de notre projet. Elle se veut être un vrai espace de détente, de bien-être, et de dégustation.
3 mots pour définir votre ferme ?
Cloques, tendinites et pas de réseau…Plus sérieusement : Passion, bien-être et bonne musique !
Cozzano s’inscrit dans une logique de développement durable.
La commune de Cozzano nous offre un cadre idéal pour exercer notre activité et nous nous inscrivons dans la logique de développement durable du village : installation de jeunes, maintien des services publics, poste, pharmacie, micro-crèche, médecin et action d’économie d’énergie, chaudière à bois communale, micro-centrale hydroélectrique.
Le 1er « smart village » de Corse.
L’arrivée potentielle de la fibre optique dans quelques mois pourrait permettre de développer le concept de « village intelligent », le Smart Village en partenariat avec les chercheurs de l’Université de Corte. Notre ferme constituerait alors le volet agricole de ce projet avec l’utilisation de capteurs pour optimiser la dépense de l’eau et de l’énergie.
Votre plus grande satisfaction ?
Revoir les terres de nouveau productives, récolter nos premiers légumes, les faire gouter à nos familles, recevoir les encouragements et les conseils de villageois. Avec le concours qui donne une visibilité à notre petit projet, nous avons des retours chaleureux et bienveillants qui nous confortent dans notre choix et renforcent notre motivation.
Vos projets ?
La récolte de safran débute dans quelques jours ! Ensuite nous serons à la « Fiera di a castagna » de Bocognano fin novembre et nous serons sur le marché de Noël d’Ajaccio en décembre. La nouvelle identité visuelle de Bocca devrait également sortir sous peu !
En savoir plus
Site : concours fermes d’avenir
Page Facebook : Feme Bocca
Twitter : @boccacorsica