Livres en boites à Bastia
Livres en boîtes est un projet d’utilité publique qui offre depuis le 05 mars, une alternative au gaspillage et à la surconsommation. Pour ce faire, la mairie de Bastia et son service de la démocratie participative proposent aux Bastiais de partager et de troquer les livres dont ils ne veulent plus. Il s’agit d’une action dont la valeur a déjà largement été éprouvée dans de nombreuses villes comme Londres, Milan, Bordeaux, Paris, Lyon, Aix-en-Provence, Marseille et bien d’autres.
Accélérer le processus de la culture et faire perdurer le lien social
Ces boites à livres accélèrent le processus de la culture pour tous et fait perduré le lien social. Cette initiative a pour objectif d’attirer l’attention sur des enjeux qui sont au cœur de l’espace public et qui tendent à appuyer la mise en œuvre des stratégies politiques en faveur d’une démocratie participative et collective dans Bastia.
Le concept – la libre circulation des livres
L’idée d’une libre circulation des livres n’est pas nouvelle. En effet, le concept américain du Bookcrossing a vu le jour en 2001. Ron Hornbaker est à l’origine de ce phénomène mondial dont le principe est de faire circuler des livres en les « libérant » dans la nature pour qu’ils puissent être retrouvés et lus par d’autres personnes, qui les relâcheront à leur tour. La base du Bookcrossing est un site internet qui permet d’enregistrer les livres grâce à un identifiant unique, le Bookcrossing ID ou BCID, qui permet de suivre le périple de son livre. Suite à cet engouement, une autre initiative a vu le jour, celle des boîtes à livres qui offrent la possibilité d’échanger des livres que l’on ne lit plus et qui pourraient être susceptibles de plaire à d’autres.
Des objectifs culturels, sociaux et responsables.
Plusieurs objectifs sont à prendre en compte dans l’élaboration et le suivi de ce projet. Préserver notre patrimoine culturel en revalorisant le sens du partage et de l’entraide qui étaient très présents dans les villages corses et qui étaient aussi véhiculés par les « anciens ». Promouvoir la diversité culturelle et l’échange en proposant aux habitants de partager des livres. Le livre étant le premier objet culturel et le premier diffuseur du savoir, il nous parait évident que chaque citoyen peut à sa manière contribuer au partage des connaissances, s’inscrire dans une action de récupération et ainsi entretenir le lien social. Développer l’acte du tri et la notion du réemploi en limitant le gaspillage et en favorisant le troc. « Agir par un geste simple au quotidien ». Proposer une approche participative en organisant une inauguration centrée sur une rencontre entre des artistes locaux et les habitants mais aussi en travaillant avec les membres des conseils de quartier sur les lieux d’installation des boîtes de quartier.
L’écoresponsabilité au coeur de la démarche
Aussi, il est question ici d’aborder et de faire-valoir la question de l’écoresponsabilité. En effet, Livres en boîtes intègre la notion du développement durable et ses trois dimensions : La dimension environnementale, en traitant la question du réemploi et du troc afin d’éviter que la culture soit « jetée à la poubelle ». La dimension sociale, en répondant à certains besoins des citoyens. Le but étant de mettre en avant le mieux vivre ensemble en proposant une rencontre autour de la création artistique lors de l’inauguration et de l’installation des boîtes de quartier avec l’implication des conseils de quartier. Ces deux actions garantiront l’appropriation et l’engagement des habitants. De plus, elle fédèrera de la solidarité notamment par le fait de s’entraider en proposant le troc et le don où la notion d’argent est inexistante. La dimension économique, en proposant une économie collective et participative. Dans un premier temps, il est question de mettre en place un système de réutilisation et dans un second temps, d’offrir une solution à la surconsommation.
Se réapproprier les cabines téléphoniques
L’un des grands objectifs de Livres en boîtes est d’inclure ce qui existe déjà et de le transformer pour ainsi lui donner une seconde vie. La mairie de Bastia et le service de la démocratie participative ont réalisé un vrai travail de récupération en se réappropriant les cabines téléphoniques de la place Saint Nicolas. Orange fait partie des partenaires puisque l’entreprise a rendu possible ce projet en nous faisant don de cinq cabines. Cette dernière a aussi contribué à la remise en état des habitacles en supprimant les combinés. Puis, la compagnie Johnston Clark a assuré le remplacement des vitres cassées et/ou manquantes et les services techniques de la ville ont créé les étagères qui accueilleront les futurs livres.
Faire intervenir des artistes insulaires
Il nous a semblé judicieux de faire intervenir les artistes insulaires pouvant donner une âme et une histoire à ces cabines. Nous avons donc sélectionné six artistes pour la conception artistique : Graffink – Constitués de Mathieu De Cesero et de Christian Coquillat, ce duo bastiais détonne par des graffs originaux et porteurs de messages universels. Depuis 2014, Graffink’ a réalisé des fresques uniques à travers la Corse, le continent et le Brésil. Claudia Battesti – est une artiste peintre de Bastia qui expose régulièrement dans les galeries d’art de la ville. Sa formation en Ecoles d’Art, de Scénographie et d’Architecture intérieure à Lyon puis à Paris, l’a initiée à diverses techniques et depuis 30 ans, au fil de ses découvertes urbaines, elle décrit la ville à sa manière. Sa collaboration avec Mec&Been lui a permis de travailler sur les volumes et les formes. De cette rencontre sont nées les pyramides de l’illusion et un U Cignale coloré et moderne qui déshabille les façades bastiaises en emportant sur son passage, le linge des habitants.
Des artistes aux influences pop art
Marcé Lepidi – est un artiste plasticien balanin qui joue et provoque l’œil du public. Il ose détourner les codes en modernisant l’histoire et les icones corses et dépeint notre société de consommation grâce à l’influence du Pop Art. Autodidacte, il crée des œuvres modernes et acidulées et les diffusent aux quatre coins de l’île. Livia Acquaviva – est une jeune artiste peintre de Lumio qui place la figure humaine au centre de ses compositions libérées de toute contrainte, avec pour leitmotiv à la fois l’alchimie des couleurs, l’atomisation des mouvements, et la fusion des deux. Livia Acquaviva expose régulièrement dans les galeries d’art de Balagne. En 2013, elle a reçu le prix de l’encouragement pour la 18ème Rencontre d’Art Contemporain. Anne-Laure Tuyet – est une artiste qui vit dans le Cap Corse. Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Architecture d’intérieure Camonda de Paris, elle mêle textes, Land Art, peintures et vidéos dans le but de générer des images poétiques. Elle aime aussi jouer avec la matière naturelle et environnante pour faire passer des messages et des émotions fortes et lumineuses.
La suite….des boites de quartier
Après l’inauguration des cabines téléphoniques de la place Saint Nicolas, l’opération Livres en boîtes va perdurer puisque la ville veut créer un réseau de boîtes à livres dans tous les quartiers de Bastia. Toujours dans ce souci de récupération, ces boîtes seront en fait d’anciennes urnes de vote transformées en petites plateformes de troc par quartier. Ces mêmes urnes vont être réparées par les services techniques de la ville. Affaire à suivre !