Les métiers d’art, entre patrimoine et métiers d’avenir
Les journées européennes des métiers d’art sont l’occasion de redécouvrir des métiers oubliés : horloger, verrier, céramiste, coutelier… Une quinzaine d’artisans se sont réunis dans la citadelle de Bastia pour partager leur passion et faire connaître leur métier au public. Pari(s) sur la Corse est allé à leur rencontre.
Des savoir-faire exceptionnels
Ils sont bijoutiers, tapissiers, couteliers, tourneurs, doreurs, verriers, horlogers… Des métiers que l’on imagine plutôt s’exercer dans le village de nos grands-parents que dans nos villes modernes. Et pourtant, si nombre de ces artisans ont disparu, certains pensent qu’ils sont au contraire des métiers d’avenir. « Les métiers d’art, ce sont des savoir-faire exceptionnels, porteurs d’une valeur culturelle et patrimoniale mais aussi d’une valeur économique puisqu’ils sont porteurs d’emplois non délocalisables », argumente Marie-Florence Dabrin, correspondante régionale en Corse pour cette onzième édition des Journées européennes des métiers d’art (JEMA).
Ne pas « finir au musée »
Pourtant, les métiers d’art sont menacés par la désertification des zones rurales, où ils sont souvent implantés, et par la difficulté de transmettre leur savoir à des plus jeunes. Noëlle Figarella, l’ambassadrice régionale cette année pour la Corse, est vannière à Silvareccio : « Quand on m’a annoncé que je serais l’ambassadrice des métiers d’art, j’ai tout de suite pensé à mon père et aux gens qui m’ont appris mon métier. Il faut qu’on continue à transmettre sinon nous finirons au musée ! », s’exclame-t-elle.
Briser la solitude de l’atelier
Dans ces métiers souvent solitaires, les occasions de sortir de l’atelier sont rares . Le thème des JEMA cette année, « créer du lien », tombe à pic pour Marie-Dominique Bellone, doreuse à la feuille installée à San Martino di Lota : « On peut être un peu seul dans son atelier, c’est pour ça que je participe aux JEMA, pour rencontrer d’autres artisans et parler avec les gens », explique-t-elle en appliquant précautionneusement une feuille d’or de 7 microns sur un cadre en bois. Juste à côté, Jocelyne Boyer expose ses sculptures : passionnée par le verre, avec lequel elle a eu une « révélation » quasi amoureuse il y a quelques années, elle parle avec enthousiasme de ses créations. « J’aime partager ma passion avec le public et je participe aussi aux JEMA pour rencontrer d’autres corps de métier et me nourrir de ça. Cela peut déboucher sur des partenariats intéressants », explique l’artiste de Belgodère.
Plus qu’un métier, une passion
Créer des liens entre artisans, c’est précisément ce à quoi s’emploie Christine Ollivier, créatrice de bijoux, qui a œuvré avec l’illustratrice Martine Chuinard pour organiser cette première édition des JEMA à la Citadelle. Dans sa boutique, ouverte depuis juillet dernier sur la place Guasco, elle accueille des poteries, de la maroquinerie, des produits alimentaires, des cosmétiques… « Je voudrais donner envie aux artisans de venir s’installer à la Citadelle. Il y a déjà la brocante, une épicerie fine, une peintre… Il faudrait plus de locaux loués à des prix accessibles pour que les artisans réinvestissent la Citadelle », explique-t-elle. Avec des boutiques en ville, les métiers d’art seraient sans doute moins oubliés des citadins et des jeunes qui pourraient choisir d’en faire leur métier : Jacques, « L’artisan horloger », a la fierté d’avoir transmis sa passion pour l’horlogerie à son fils, qui a ouvert un magasin à Lucciana. « Il faut en moyenne 40 heures de travail pour remettre une horloge ancienne en bon état, estime-t-il. C’est plus qu’un métier, c’est une passion ».
En savoir plus
Les journées européennes des métiers d’art / Citadelle de Bastia / le samedi 1er et dimanche 2 Avril de 10h à 18h
Une manifestation autour des savoir-faire des métiers d’art et du partage. Une quinzaine d’artisans feront découvrir au public la grande richesse et la diversité de leurs métiers d’excellence le samedi 1er et dimanche 2 Avril de 10h à 18h dans différent locaux de la Citadelle. Couteliers, Restaurateur horloger, Tapissier, Verrerie, Sculpture, Ferronier, Céramiste, Illustratrice, Photographe, Maroquinier, Tourneur d’art (stylo), Doreuse à la feuille , Peintre, Bijoux brodés… Les visiteurs pourront également assister à des démonstrations et des rencontres avec les créateurs. L’entrée est gratuite
Article et interviews réalisés par Audrey Chauvet