Le Passe Temps à Porto-Vecchio
Tenir un restaurant à l’année dans la petite station balnéaire de Porto-Vecchio n’est pas chose aisée. Et pourtant, c’est le pari relevé avec brio par Margaux et Jean-Baptiste, deux jeunes passionnés qui n’ont pas soixante ans à eux deux et partagent déjà un goût certain pour le travail bien fait ainsi que l’amour des bons produits. Retour sur cet établissement qui accueillait-il y a peu le deuxième événement Pari(s) sur la Corse et où la gastronomie est avant tout une affaire de famille. Un lieu à ne pas manquer lors d’une prochaine visite dans le sud de la Corse.
Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je m’appelle Margaux Couturier, j’ai 23 ans et je gère le restaurant « Le Passe Temps » dans le centre-ville de Porto-Vecchio.
La Corse c’est…
Le seul endroit où je me sens chez moi.
Depuis combien de temps êtes-vous à la tête de l’établissement ?
Depuis février 2015, on va donc fêter notre premier anniversaire !
Quelle est son histoire ?
J’ai d’abord la chance d’avoir un frère, Jean-Baptiste Couturier, avec lequel je gère cet établissement, qui fait des merveilles en cuisine. De mon côté, j’étais étudiante en droit à l’Université de Corse mais je ressentais l’envie de quitter le monde de la faculté. Nous nous sommes dits que c’était peut-être le moment de faire quelque chose ensemble et nous sommes lancés dans cette affaire.
Quels sont vos rôles respectifs au sein de l’équipe ?
Mon frère s’occupe de toute la partie cuisine, de la mise en place de la carte en passant par les liens avec les fournisseurs, jusqu’à la confection des plats. De mon côté, je gère toute la partie en salle avec le service et l’accueil du public, mais aussi l’envers du décor, avec les formalités administratives, de comptabilité, etc.
Quels sont vos parcours ?
Margaux : J’ai d’abord été étudiante en droit à Corte. En parallèle, j’ai toujours travaillé dans la restauration, en tant que serveuse. C’est au cours de l’été 2014 que les choses se sont accélérées. Ma tante avait depuis plusieurs années repris un commerce près du Bastion, qui proposait des glaces et des crêpes. Nous l’avons repris cet été-là avec mon cousin germain. Cette expérience fut un vrai test puisqu’elle m’a permis de connaitre la gestion d’un établissement, ce qui m’a aidé à sauter le pas quelques mois plus tard.
Jean-Baptiste : J’ai commencé mon parcours professionnel dans la Drôme où j’ai obtenu mon CAP de cuisinier (en terminant 3ème apprenti sur tout le territoire de la Drôme et de l’Ardèche). Je me passionnais déjà pour la grande cuisine et me suis tout naturellement orienté vers la restauration gastronomique après un parcours très formateur dans des maisons étoilées.
Donner un nouveau souffle et une nouvelle identité culinaire au centre de Porto-Vecchio.
J’ai eu la chance de travailler un an avec un meilleur ouvrier de France, Christophe Pacheco, qui m’a formé et m‘a donné une nouvelle vision de la cuisine gastronomique. Je me suis ensuite tourné vers de grands hôtels 5 étoiles, en France pour terminer mon apprentissage. J’ai travaillé en tant que second au Belvédère de Porto-Vecchio il y a deux ans pour ensuite lancer ma propre affaire avec ma sœur. Nous essayons de donner un nouveau souffle et une nouvelle identité culinaire au centre de Porto-Vecchio.
Quel est le style du restaurant ?
Depuis quelques mois, nous nous sommes lancés dans une cuisine gastronomique et moderne. C’était notre idée de départ. Nous avons commencé avec une cuisine classique pendant quelques mois, qui a d’ailleurs rencontré un certain succès, mais nous avons vraiment voulu, après la première saison estivale, recentrer notre action sur ce que nous souhaitions faire à l’origine. Mon frère préfère proposer des plats très travaillés, en mettant en valeur des produits locaux de qualité ou des choix originaux à la carte. C’est aussi une manière de se démarquer et d’avoir une identité.
Comment sélectionnez-vous vos produits ?
Nous essayons de sélectionner des produits de qualité avant tout, testés par nos soins. Et surtout, de suivre les saisons. Il est inconcevable pour nous de mettre des produits sur notre carte sous prétexte qu’il y a une demande malgré tout. L’exemple qui me vient à l’esprit ? Les noix de Saint Jacques ne se consomment que durant trois mois (novembre, décembre et janvier), et pourtant on en trouve toute l’année de nos jours. Nous restons attentifs à la fraicheur de nos produits.
Quelles sont les principales difficultés rencontrées en tant que restaurateur ?
D’abord, être capable de gérer les deux temps de l’année civile : la saison estivale avec une activité intense, et le creux hivernal où l’activité est en chute. En termes de salariés, d’organisation, de commandes, etc, c’est une gymnastique à apprivoiser. Ensuite, il faut aussi trouver un équilibre parfois difficile entre l’embauche en priorité de jeunes locaux et le fait de ne pas travailler qu’avec des gens que l’on connaît, car cela peut nuire aux relations professionnelles. Enfin et surtout, il y a une forme de rigueur administrative qui nous oblige à être en permanence en train de payer des taxes, de remplir des formulaires, etc.
Et vos plus grandes satisfactions ?
Rendre heureux les clients et leur permettre de passer une bonne soirée en notre compagnie tout simplement. Après, il y a aussi la fierté de rester ouverts toute l’année en centre-ville, c’est un vrai pari !
Comment communiquez-vous pour vous faire connaître toute l’année ?
La communication se fait d’abord par le bouche à oreille. De plus en plus de monde parle de nous dans la microrégion, ce qui nous permet de nous faire connaitre petit à petit. Puis dans un second temps par les réseaux sociaux Facebook et Instagram.
Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui souhaitent s’engager dans cette voie ?
D’abord, de ne pas hésiter à porter leurs projets jusqu’au bout ! C’est vrai que le monde de l’entreprise fait peur et qu’il faut de l’abnégation pour se lancer : il y a des frais à engager, des formations à faire, des formalités à remplir… Mais au final, avec le taux de chômage actuel, créer sa propre activité reste ce qu’il y a de plus simple à faire !
Des projets ?
Oui beaucoup ! Mais par superstition, je préfère attendre un peu avant de les dévoiler, mais promis vous serez les premiers informés. Plus sérieusement, on essaye surtout de consolider notre restaurant. On y a mis beaucoup d’énergie et il faut souvent attendre près de 3 ans avant d’avoir une certaine certitude sur l’activité. Dès que notre premier bateau naviguera paisiblement, on n’hésitera pas à en fabriquer d’autres.
En savoir plus
Page Facebook : le passe temps
Rue Zoé Grimaldi d’Ortoli, 20137 Porto-Vecchio
Contact : 04 20 20 93 88
Interview réalisée Chloé Nury
L’avis d’une Corse gourmande…
« Une jolie adresse où je retournerai volontiers, cachée dans une ruelle un peu à l’écart et ouverte toute l’année…. » lire la suite sur Eeat Up Corsica.