Laurence Moscardini
Maîtriser les processus du traitement visuel et cognitif de l’information, simplifier les usages, fluidifier le parcours clients…., ne s’improvise pas. L’ergonomie est un véritable enjeu qui impacte la rentabilité de votre entreprise. Vous pouvez avoir un très beau site mais une mauvaise lisibilité de vos objectifs qui déroute l’utilisateur et vous fait perdre des clients. Laurence Moscardini est une jeune bastiaise consultante en ergonomie des IHM : Interface Homme Machine. Un nouveau métier qui trouve toute son utilité en Corse où ses dernières années beaucoup de sociétés et de jeunes entrepreneurs se sont tournés vers le développement d’outils numériques avec plus ou moins de réussite. Elle nous explique son parcours et en quoi l’ergonomie reste un enjeu important et nécessaire pour n’importe quel acteur tourné vers l’innovation digitale.
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Laurence Moscardini, j’ai 33 ans. Je suis revenue vivre à Bastia après 12 années passées entre Aix-en-Provence et Paris. Je suis psychologue et docteur en psychologie, ainsi que chercheur associé au laboratoire CHART-LUTIN (cité des sciences, Paris). Mes centres d’intérêts sont la psychologie mais aussi la psychanalyse, la philosophie et la musique.
La Corse c’est…
Je suis née et j’ai grandi à Bastia. La Corse représente ma culture, mes valeurs, l’endroit où je souhaite vivre et travailler.
Quel est ton parcours ?
J’ai réalisé mon cursus universitaire jusqu’au Master Professionnel de Psychologie Cognitive Ergonomique à l’université d’Aix-en-Provence. C’est à l’issue de mon master 2 et de quelques mois passés à Londres que j’ai sollicité deux professeurs d’université pour débuter une thèse de doctorat en psychologie cognitive ergonomique à Paris, sur les activités de conception créative. L’objectif était d’étudier la créativité dans le domaine du design – thématique à laquelle je m’étais déjà intéressée lors de ma première année de master à Aix-en-Provence. J’ai ainsi pu être impliquée dans un projet de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) avec le projet GENIUS (Generation Of New Image-based and User-centered Solutions for Design) .
Soutenir l’étape de réflexion créative
Pour GENIUS, nous avions pour objectif de développer une interface innovante destinée à soutenir l’étape de réflexion créative (génération d’idées) des designers produit en analysant et en modélisant leurs processus cognitifs. Il s’agissait de concevoir un outil numérique interactif adapté pour supporter cette étape.
Quel est ton métier aujourd’hui ?
Je suis consultante en ergonomie des IHM (Interface Homme Machine) ainsi que chercheur associé au Laboratoire parisien CHART-LUTIN.
En quoi consiste t-il concrètement ?
L’ergonomie cognitive s’appuie sur les connaissances issues de la psychologie cognitive, c’est-à-dire l’étude de la perception, la mémoire, le langage, le raisonnement, la résolution de problème, etc… Elle a pour but d’améliorer les interfaces homme-machine (site internet, logiciels, applications mobiles…). Il est a noté que l’ergonomie d’une interface n’est pas une caractéristique figée. En effet elle se définit avant tout par rapport à un utilisateur, un objectif et un contexte particulier. C’est pourquoi la mise en place de tests utilisateurs est une des démarches les plus performantes pour améliorer l’efficacité d’une interface.
Comment cela fonctionne t-il ?
L’objectif est de mettre en oeuvre une démarche de conception centrée sur l’utilisateur par le biais de différentes méthodes : test utilisateur, analyse d’activité, recueil de besoin, formalisation des données issues du terrain, animation de focus group, mise en place d’atelier de conception collaboratifs avec des équipes pluridisciplinaires… ce qui permettra de proposer des spécifications et des recommandations concrètes pour l’interface à développer et/ou à corriger.
Améliorer ou corriger un site ou une interface digitale.
Un rapport d’ergonomie fournit des recommandations concrètes pour optimiser la conception de l’interface. Ces recommandations permettront de planifier les différentes actions à mettre en oeuvre pour améliorer l’utilisabilité de l’interface. Mon activité peut s’appliquer à tous les secteurs, aussi bien institutionnels que commerciaux. Si aujourd’hui, peu d’acteurs en on vraiment saisi l’importance je vérifie régulièrement que beaucoup commencent à comprendre la plus value apporter par cette démarche.
Une entreprise doit se demander si le résultat recherché par l’utilisateur sera atteint.
Pour toutes réalisations d’outils numériques on doit se demander si le résultat recherché par l’utilisateur sera atteint et si il est atteint rapidement et efficacement. En effet, la démarche ergonomique (centrée utilisateurs), réalisée lors de la phase de développement de l’interface permet de réduire les risques : mauvaise utilisation, utilisation partiel de l’outil, rejet de l’outil. Les grands éditeurs de logiciel et de site web (par exemple : Apple, Google, Microsoft, Facebook…) l’ont compris et l’intègrent dans leurs processus de conception. Cependant l’ergonomie reste un enjeu important et nécessaire pour n’importe quel acteur tourné vers l’innovation digitale.
Beaucoup d’entreprises corses se tournent vers le digital. Il y a un vrai potentiel d’optimisation
Ces dernières années beaucoup d’entreprises corses se sont tournées vers le développement d’outils numériques avec plus ou moins de réussite et par conséquent je me suis rendue compte qu’il y avait une demande latente en ergonomie des IHM.
Comment te fais-tu connaitre ?
En revenant de Paris, j’ai cherché un lieu de travail et j’ai trouvé Bastia Coworking. C’est un espace de travail que nous partageons, nous sommes une dizaine de personnes, tous travailleurs indépendants. En plus de partager des bureaux, nous partageons des réflexions ainsi que nos expériences. Bastia Coworking est un élément important dans le développement de mon réseau professionnel ici.
Le numérique est-il une opportunité pour l’économie corse ?
Le numérique est une nécessité dans le développement économique de l’île. Les personnes compétentes sont présentes ici, entrainant un certain dynamisme. Ce qui fait qu’aujourd’hui la Corse est une terre fertile à l’innovation. À nous de continuer dans ce sens.
Des projets ?
Une conférence à l’Université de Corse en Janvier 2016 : «Comment devient-on expert ?» Ce rendez-vous en psychologie cognitive portera sur l’expertise dans les jeux d’échecs et dans la résolution de problèmes créatifs.
En savoir plus
Contact : laurence.moscardini@gmail.com
Profil Linkedin : Laurence Moscardini