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Equì, l’appli pour valoriser le commerce local

Mettre en relation les consommateurs soucieux d’acheter local et les commerçants engagés dans une démarche de valorisation de la culture corse, voilà l’objectif de l’application Equì, qui sera présentée à la foire de Luri les 8 et 9 juillet. Emmanuel Marti, co-fondateur du service  Equì, nous présente cette innovation qui va plus loin qu’une monnaie locale.

En quoi consiste le service Equì ?
Equi référence et géolocalise un ensemble de professionnels qui respectent une charte et les met en avant via un moyen de règlement. Un particulier peut aller sur la plateforme Equi, il charge son compte, et peut ensuite régler via ce service les professionnels référencés. Pour inciter les utilisateurs, nous bonifions chaque chargement de 5 %: pour 100 euros déposés, vous pourrez dépenser 105 euros. Mais bien sûr, en contrepartie, on ne peut les dépenser que dans le réseau de professionnels sélectionnés. De leur côté, les professionnels qui encaissent via l’application smartphone ont un compte Equì qu’ils peuvent utiliser pour payer à leur tour des membres du réseau, par exemple des fournisseurs ou des prestataires. Ils peuvent aussi choisir de virer  l’argent sur leur compte bancaire mais dans ce cas nous reprenons les 5 % de bonus offerts à l’entrée.

Notre idée est vraiment de donner du pouvoir d’achat aux utilisateurs et de créer des synergies entre eux.

Quelle est la différence entre Equì et une monnaie locale ?
En France, 99 % des monnaies locales sont des monnaies papier, seulement deux ont une application, dont la monnaie SoNantes, et d’autres sont en train de développer une monnaie locale numérique en complément du papier pour en démultiplier l’utilisation, c’est notamment le cas de la monnaie basque Eusko. Le problème des monnaies locales papier, c’est la logistique : il faut approvisionner tous les points de vente, qu’ils aient un fonds de caisse spécial, on n’a pas le droit de rendre la monnaie… Une appli facilite l’usage : on paye le montant précis, c’est plus simple de trouver les prestataires car on peut les géolocaliser, on peut payer à distance par exemple pour un restaurateur qui achèterait son vin à la cave via l’application.

Quels critères doivent remplir les professionnels pour être référencés sur Equì ?
Nous ne sommes pas un label, nous n’avons pas une liste de critères stricte. Nous nous occupons d’un réseau assez vaste qui compte des professionnels de l’alimentaire, de la santé, du conseil, de l’artisanat… Ils doivent néanmoins adhérer à une charte en trois points : promouvoir l’identité, la culture et la langue corse, défendre les commerces locaux et s’engager dans le développement durable via l’écologie ou l’économie sociale et solidaire. Nous rencontrons chaque profesionnel qui rentre dans le réseau pour voir comment il travaille, pourquoi il veut adhérer à Equì, et en fonction de ça nous avons constitué notre première base solide de professionnels. Nous sommes en train de réfléchir à la création d’un comité de sélection des professionnels qui intégrerait la Fédération des foires rurales agricoles et artisanales de Corse et la chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Corse.

Comment se concrétisent les engagements de professionnels ?
Nous avons mis en place deux défis à relever sur les deux prochaines années. Le premier concerne la langue et la culture corse : chaque professionnel a deux ans pour mettre en place une mesure, par exemple faire une carte de restaurant bilingue ou suivre une formation pour pouvoir accueillir la clientèle en langue corse. Le second défi est lié au local : les professionnels ont deux ans pour travailler avec trois partenaires locaux, que ce soit un maraîcher, un viticulteur, ou autre. Si l’activité ne le permet pas, le professionnel peut mettre en place une mesure de développement durable comme le tri des déchets, la construction écologique ou autre.

Votre idée est de créer un circuit fermé qui bénéficie à l’économie locale ?
L’idéal serait que l’ensemble des professionnels réinvestissent l’intégralité de ce qu’ils encaissent dans le réseau. Nous voulons donc bien sûr développer l’économie locale et la rendre durable d’un point de vue écologique, social et économique. Le but serait de pouvoir convertir de nouveaux professionnels à ce mode de vie. Nous avons imaginé cet outil pour les artisans, les agriculteurs, les petits indépendants qui n’ont pas forcément de moyens de communication ni de terminaux de paiement. Mais nous sommes ouverts à toute entreprise qui serait intéressée, sauf les franchises, les grandes enseignes et la grande distribution.

Comment allez-vous faire connaître l’application ?
Nous allons déjà passer par le bouche à oreille, par les commerçants qui en parlent à leur clientèle pour la motiver. Nous allons faire de la publicité complémentaire, des campagnes sur les réseaux sociaux et bientôt nous aurons un partenariat avec l’office de tourisme d’Ajaccio qui va vendre des cartes prépayées directement dans leurs locaux. Les touristes pourront se procurer des cartes pour acheter dans le réseau. Le but est de leur permettre de consommer là où les Corses consomment. Mais nous ne ciblons par particulièrement les touristes, nous voulons étendre l’usage d’Equì à tous les Corses.

Quel est votre objectif en nombre d’utilisateurs et de professionnels référencés ?
Notre but est de couvrir tout le territoire d’ici à la fin de l’année, d’être présent un peu partout en Corse. Nous aimerions avoir, d’ici un an, 3000 utilisateurs réguliers. Le nombre de professionnels correspondant serait entre 150 et 200. Nous sommes actuellement en phase de test dans le grand Ajaccio avec 50 professionnels et 200 utilisateurs. Ce réseau va s’agrandir via le partenariat avec 12 foires de Corse qui ont déjà labellisé leurs participants avec le label Fiere di Corsica. Par exemple, à Luri, les vignerons sont labellisés Fieri di Corsica, cela nous permet d’avoir une grande base de professionnels de qualité. Les participants à la foire pourront télécharger l’appli et si un vigneron est déjà membre du réseau, on pourra lui acheter du vin via Equì.

En savoir plus
Site – equi.corsica
Facebook – equi.pagamentu
Article réalisé par Audrey Chauvet