Aux P’tits Bonifaciens
Laetitia Colonna est une corse installée à Montréal. Graphiste et illustratrice, elle collabore régulièrement au contenu de Pari(s) sur la Corse. Sa curiosité et sa passion pour l’entrepreneuriat l’ont amené à rencontrer Laure Claireau, propriétaire et créatrice de la marque « Aux P’tits Bonifaciens ». C’est cet été, dans la petite boutique située sur le Quai Comparetti à Bonifacio, que les deux femmes se sont rencontrées pour un échange au milieu des savons et des autres produits aux senteurs envoutantes… »et le temps fit le reste ».
Quelle est ta conception de la création ?
La création en tant que telle ne présente pas d’intérêt si elle n’est pas accompagnée par une idée qui passionne et qui dispose de la matière suffisante pour qu’elle puisse être développée dans le cadre d’un projet d’entreprise. Partir de l’idée et en imaginer les différentes étapes de fabrication, les aspects marketing, le packaging, la stratégie de commercialisation, représentent un défi nouveau et passionnant pour chaque produit créé.
Il y a t-il chez toi un besoin viscéral de créer ?
Je pense que nous ne ressentons pas le besoin de créer, il s’impose tout simplement à nous !
Comment est née la marque « Aux P’tits Bonifaciens » ?
L’idée de créer une marque et des produits dans le domaine de la savonnerie et des senteurs, est le résultat de la confluence de plusieurs éléments auxquels nous sommes très attachés. Nous souhaitons valoriser les produits issus de notre terroir, mais aussi permettre à nos clients à travers leur acte d’achat de s’enrichir de notre culture et de notre patrimoine par la relation qui existe entre nos produits et notre terre. Enfin, et comme souvent, notre marque et nos produits véhiculent une histoire et de belles rencontres avec des hommes et des femmes qui nous accompagnent et qui donnent vie à nos produits.
Tes expériences passées t’ont-elles aidées à créer ta marque ?
Notre parcours de vie nous a permis de cumuler des connaissances théoriques acquises par les formations. Elles nous aident à gérer et à animer au quotidien notre entreprise. A cela nous y ajoutons une bonne dose de créativité, ce qui fait un mélange idéal pour développer l’activité d’Aux P’tits Bonifaciens.
Quel est ton lien avec la Corse ?
La question de l’origine est une manière restrictive de voir les choses. Ce qui nous semble primordial est plutôt le fait de vivre en Corse, d’y élever nos enfants et de contribuer simplement à porter les valeurs qui sont les nôtres.
Pour un entrepreneur l’insularité est-elle un obstacle ou un atout ?
Pour nous, l’insularité est notre principal atout. Elle est un formidable vecteur de communication et nous sommes persuadés que si la Corse était une région limitrophe nous ne bénéficierions pas de la même notoriété. Sa situation au coeur de la méditerranée, lui donne un rôle de 1er plan. Elle devient en revanche un handicap pour qui veut s’attaquer au marché « extérieur ». Le coût d’acheminement des marchandises, les délais et les divers aléas sont une marche de plus à surmonter pour tout entrepreneur insulaire.
S’adapter et innover en créant une expérience client
Le monde de l’entreprise et le commerce évoluent ! Fini le temps où l’on démarrait une activité à 18 ans et où l’on partait à la retraite en ayant les mêmes fournisseurs et en proposant les mêmes produits. L’innovation, la recherche de nouveaux produits de nouveaux fournisseurs, de nouveaux concepts sont une réalité. Aujourd’hui, le consommateur n’achète plus simplement un produit, il veut une histoire, une expérience et participer à ce qu’il achète. L’évolution de la consommation est boostée par l’accès rapide à l’information et aux différents canaux de distributions.
Quelle idée te fais-tu de l’entrepreneuriat ?
L’entrepreunariat peut être une passion dévorante qui occupe chaque instant. Il est parfois difficile de vivre de cette passion et d’assumer les besoins financiers de sa société. Cela peut parfois être décourageant pour les jeunes artistes et les nouveaux entrepreneurs. Alors je dirais qu’il y a différentes façons de voir l’entrepreneuriat et différentes philosophies à ce sujet. Nous pensons que la passion est essentielle car elle facilite les choses et elle permet de surmonter de nombreuses difficultés.
Justement quelles difficultés as-tu rencontrées ?
Les principales difficultés que nous rencontrons encore aujourd’hui sont autour de la mise en phase de l’idée telle que l’on peut se la représenter. Parfois les obstacles techniques ou financiers voir réglementaires sont tels que nous devons renoncer à ce que nous avions imaginé.
As-tu bénéficié d’aide pour créer ta marque ?
Nous n’avons pas sollicité d’aides à la création d’entreprise et nous n’avons même pas cherché à savoir si nous pouvions en bénéficier car nous avons dimensionné notre projet pour démarrer modestement. Nous avons préféré trouver des solutions en famille. Nos amis ont également joué un rôle qui pouvait aller de simple testeur à des mises en contact avec des fournisseurs ou à l’accès facilités de matières 1ers.
Nous privilégions aujourd’hui la rencontre avec nos clients.
Il est difficile pour une petite entreprise qui démarre d’être visible et de rivaliser aujourd’hui avec les grands groupes sauf à disposer de moyens financiers importants. Nous animons ponctuellement une page Facebook. Cela fait partie des choses que nous développerons plus tard. Pour l’heure nous privilégions et préférons que nos clients viennent nous voir, parce que chaque rencontre est importante, et même si en pleine saison il est parfois difficile de consacrer un peu de temps à chacun, nous nous efforçons toujours de présenter la philosophie de notre concept.
Quels sont tes projets ?
La priorité est la qualité et la satisfaction de nos produits. Après tout est imaginable et tout devient possible. Bien sur nous n’en sommes pas là, mais nous ne manquons pas d’idées dans les tiroirs. Il faut juste laisser le temps au temps, c’est d’ailleurs ce qui figure sur notre enseigne : « Et le temps fit le reste… »
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Contact Laure Claireau
Aux P’tits Bonifaciens
65 Quai Comparetti
Bonifacio
Page Facebook : Aux P’tits Bonifaciens
Interview réalisée par Laetitia Colonna