Les Vins de Corse en Asie
Les vins de Corse ont décidé d’attaquer le marché asiatique. Fort de ses 4,5 milliards d’habitants, le potentiel est considérable. Le développement économique à grande vitesse de la région génère une nouvelle classe moyenne disposant de moyens suffisants et d’un intérêt grand pour la gastronomie occidentale et les vins français. Le potentiel est énorme et les vins corses ont une vraie carte à jouer ! Rencontre avec Vincent Cervoni dont la mission est de promouvoir les vins corses sur ce marché.
Peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Vincent Cervoni et j’ai 26 ans. J’habite à Hong Kong depuis plus d’un an et mon job est de diffuser les Vins de Corse dans les différents pays d’Asie.
Pour toi la Corse c’est…
La Corse c’est avant tout une histoire de sang. Je suis corse de par mon grand-père paternel, originaire de Soveria et d’Omessa. J’ai grandi à Paris mais il n’y a pas une année depuis ma naissance où je ne suis pas allé dans mon village dont l’identité forte coule dans mes veines. Ma famille, mes amis, nos maisons familiales sont autant de liens qui me rattachent à cette terre. Aujourd’hui c’est un réel plaisir de faire connaître les richesses de la Corse à l’autre bout du monde. Cela me procure de la joie et me motive chaque jour, même quand c’est difficile. Fervent supporter du Sporting Club de Bastia, je suis aussi fier de porter le maillot lorsque je joue au foot ici. 😉
Comment est née ta passion pour le vin ?
Depuis tout petit je suis passionné par la gastronomie. Je remercierai toujours ma famille qui a voulu développer ma curiosité culinaire. Lors de mes anniversaires, je préférais aller dans un bon restaurant plutôt que de recevoir des cadeaux. En arrivant à Bordeaux, pour mes études supérieures, ce fut l’occasion d’allier ma passion pour la gastronomie à la connaissance du vin. J’ai commencé à suivre des cours avec l’association œnologique de l’école dont je suis devenu le président l’année suivante.
Quel est ton parcours ?
Assez classique en somme. J’ai fait une classe préparatoire à Sainte Croix de Neuilly sur Seine puis j’ai intégré Sup de Co Bordeaux (KEDGE Business School). J’ai eu la chance d’intégrer les équipes de Danone pendant un an à Paris. L’expérience humaine et professionnelle fut très enrichissante avec à la clef un véritable développement de mes compétences marketing et commerciales. Mais j’ai toujours préféré le vin au yaourt ! C’est pourquoi je me suis rendu ensuite chez Sopexa à Shanghai.
Comment en es-tu arrivé à promouvoir le vin corse en Asie ?
C’est à Shanghai que j’ai rencontré des vignerons corses ainsi que Bernard Sonnet, directeur et Caroline Franchi, directrice marketing du CIV Corse. Ils étaient tous présents pour le salon Vinisud. Le courant est bien passé et il y avait du potentiel de développement sur le marché asiatique. Mobiliser quelqu’un à plein temps dans la zone est devenue une évidence. C’est grâce aux vignerons, au CIV, à Eric Poli et Jean Marc Venturi que le projet a vu le jour.
L’export est-il important pour les vins de Corse ?
L’export est une nécessité pour la Corse et les vins de Corse. Il est donc impossible de faire l’impasse sur ce continent dans une logique d’export.
Quelles sont les spécificités du vin corse ?
Il est difficile de parler du vin corse. Je préfère parler des « Vins Corses » tant notre patrimoine viticole est riche. Sur une surface aussi petite, la diversité et la qualité du terroir donnent des vins atypiques et singuliers. La Corse dispose d’un patrimoine ampélographique exceptionnel et unique. Nos vins, contrairement à beaucoup de régions et pays producteurs, sont faits à partir de cépages endémiques. A l’heure où l’on trouve du Merlot, du Pinot noir, du Cabernet partout dans le Monde, ce qui provoque une triste uniformisation des goûts, la Corse offre des vins authentiques. Il est important de dire que la Corse est une grande terre de blancs ! Le climat, le sol et ses reliefs ainsi que nos cépages autochtones donnent aux vins blancs l’expression idéale de leurs arômes et saveurs. Ils sont équilibrés entre le fruit, la fraicheur et le gras.
Qu’est ce que « Vins de Corse » et quel est son rôle ?
Vins de Corse est le Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse (CIV Corse). Il a été créé dans les années 90 afin de coordonner et de structurer la filière viticole insulaire. Bernard Sonnet en est le directeur depuis le début. Les vins de Corse avaient besoin d’un tel organe pour se développer et devenir ce qu’ils sont aujourd’hui. Tous les acteurs de la filière cotisent au CIV. Ce dernier est aussi chargé de représenter la viticulture insulaire auprès des instances gouvernementales et Européennes. Il doit aussi assurer la promotion des vins à travers le Monde.
Qui est son président ?
C’est Eric Poli, vigneron dans la Plaine et à Patrimonio, qui est le Président du CIV depuis 2013. Il a succédé à Jean Marc Venturi.
Quelle est ta mission en Asie ?
J’ai plusieurs métiers dont l’objectif commun est de promouvoir la Corse et ses vins à travers l’Asie. Je suis en charge de l’organisation de salons, de dîners, de dégustations, d’interviews presse et de la création d’outils marketing. Je dois aussi aider tout particulièrement 8 vignerons : Clos Poggiale, le Domaine Terra Vecchia, le Clos Culombu, le Clos Canarelli, le Clos Venturi, Domaine Vico, le Domaine Orenga de Gaffory, le Clos Teddi, Les Vignerons d’Aghione (Casanova) et le Domaine Poli, Clos Alivu. Je les aide à s’implanter sur les différents marchés. Je m’occupe aussi de la logistique export : Transport, douanes, stockage. Je fais aussi office de service après-vente auprès de nos partenaires asiatiques en les aidant à lister les vins dans leurs établissements. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer !
Quel est le potentiel du marché du vin en Asie ?
L’Asie compte plus de 4,5 milliards d’habitants et représente un marché énorme de consommateurs dont le pouvoir d’achat augmente. Le vin est de plus en plus ancré dans les habitudes de consommation et ce n’est que le début. Le développement économique à grande vitesse de la région génère une nouvelle classe moyenne disposant de moyens suffisants et d’un intérêt grand pour la gastronomie occidentale et les vins français. Le potentiel est énorme et les vins corses ont une vraie carte à jouer ! Néanmoins, ce sont des marchés difficiles, concurrentiels qui demandent du temps et de l’investissement.
Comment positionnez-vous le vin corse sur le marché Asiatique ?
Les vins sont d’ores et déjà placés dans des restaurants étoilés et branchés en Asie. Cela est naturel car c’est le cas dans de nombreux pays et villes à travers le Monde : Paris, New York… C’est une chance pour les acheteurs asiatiques car ils peuvent découvrir un nouveau vin français, différent et authentique. De plus, c’est un vin rare et qui le restera. C’est un peu comme dans la mode, désormais ce qui est rare et authentique devient le luxe ultime. Les vins corses sont destinés à ceux qui veulent découvrir et être différents. De plus, la qualité des vins n’est plus à prouver. Sur des marchés saturés, c’est une réelle opportunité pour se différencier.
Quels types de vins, cépages, fonctionnent en Asie ?
Les asiatiques consomment des vins très différents. L’offre est pléthorique. Il n’y a plus trop de tendance particulière. Ce sont des marchés de rouge essentiellement mais je crois fortement que nous avons des opportunités avec nos blancs et nos rosés. Pour le rosé, c’est une question de temps.
Les chinois connaissent-ils la Corse ?
Les chinois ne connaissent pas la Corse mais ils connaissent tous Napoléon. Ce sont des gens très curieux qui ne demandent qu’à venir découvrir notre île, son peuple et ses richesses.
Si tu devais définir les vins corses en une phrase ?
Ils découlent de la richesse de leur Histoire et des gens qui le font, ce qui les rend uniques et authentiques.
Ton vin corse du moment ?
Tout l’intérêt des vins corses est là : Avec ses 9 AOC et ses cépages autochtones, les vins insulaires sont très différents. Impossible donc de n’en citer qu’un.
Une phrase en Chinois pour terminer l’interview ?
A salute ! – Ganbei !
Découverte du rôle de Vincent en vidéo