Une Vie Violente : Il était une fois en Corse
Malgré la menace de mort qui pèse sur sa tête, Stéphane décide de retourner en Corse pour assister à l’enterrement de Christophe, son ami d’enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille. C’est l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.
Un film réalisé par Thierry de Peretti
Metteur en scène, réalisateur et acteur, Thierry de Peretti est né à Ajaccio. Après Les Apaches en 2013, Thierry de Peretti retourne en Corse pour un nouveau sujet politique inspiré d’une histoire vraie. Ce film a été sélectionné au Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique. Une vie violente, son 2ème long métrage, est « une chronique politique et criminelle, dont l’action se situe en Corse à la fin des années 90 ».
Je suis né et j’ai grandi en Corse
Thierry de Peretti y passe aujourd’hui la moitié de son temps. Ses attaches à l’île sont fortes, y vivent sa famille, une partie de ses amis. Il a toujours eu la plus grande difficulté à raconter à ses amis, aux personnes qu’il rencontrait, avec lesquelles il travaillait à Paris, d’où il venait et pas simplement d’un point de vue géographique. Il considère justement ne pas avoir grandi dans un endroit archaïque et hors du temps. Mais d’un autre côté son enfance et son adolescence se sont déroulées dans un climat de violence politique et de grande confusion qu’il raconte dans ce film.
Chacun d’entre nous a eu des camarades qui ont pris des routes dangereuses
Les gens de ma génération ont tous vécu ou connu, à des niveaux différents, la violence et les meurtres, les règlements de compte et les guets-apens, les familles décimées. Chacun d’entre nous a eu des camarades qui ont pris des routes dangereuses, ont fait de mauvaises rencontres ou qui ont, brutalement, injustement, perdu la vie.
J’ai tenté de raconter du mieux que j’ai pu ces deux états
Ces deux mondes qui s’enchevêtrent et se confondent. Un monde où la société́ est touchée de la même façon qu’elle l’aurait été ailleurs par les évènements et les troubles. Et un autre, presque un inframonde, problématique et sombre, où les questions du sang, de la folie et du territoire travaillent et minent la société.
Je m’intéresse à cette période qui a vu mourir en Corse des dizaines de jeunes gens
De manière brutale pour des raisons souvent obscures, même si elles semblaient emprunter les voies nébuleuses du radicalisme politique et/ou de la criminalité. Filmer cette époque récente, c’est aborder les questions de l’origine de la violence et poser celles qui travaillent l’île aujourd’hui. Même si le film ne s’inscrit pas en premier lieu dans une perspective historique, il est question d’histoire et de politique, il est question de la France.
Ce film est un hommage à tous ces jeunes gens perdus ou assassinés
Mais aussi la promesse d’un dialogue entre une génération oubliée, perdue, massacrée et une autre, vivante et exaltée, qui l’incarne à l’écran.
Stéphane est librement inspiré du parcours atypique et tragique de Nicolas Montigny
Jeune militant nationaliste assassiné à Bastia en 2001. Nous avions le même âge. Je ne l’ai pas connu, même si nous avions des amis en commun. Le film mélange mes propres souvenirs, et ceux de beaucoup de gens de ma génération en Corse, mais il est aussi le fruit d’un long et permanent travail de recherche. Il mêle, de manière fragmentaire et anarchique, rumeurs, légendes urbaines, souvenirs altérés, et Histoire contemporaine de la Corse.
Une époque de grande confusion politique et de grande violence
Cette histoire à travers le personnage de Stéphane m’a permis d’accéder à quelques cercles de la société insulaire et de me rappeler cette époque de grande confusion politique et de grande violence, dont les souvenirs sont toujours très douloureux. J’avais aussi le sentiment que mon film pourrait agir comme une loupe… que tout un chacun pourrait être touché, ou se reconnaitre dans ce qui a à voir avec un engagement et la trahison de cet engagement.
La Corse, personnage principal du film
C’est la seconde fois que je présenterai un film à Cannes. Je reviens avec un film dont la Corse, personnage principal, est le territoire physique et intérieur. Je reviens accompagné d’une troupe d’acteurs jeunes et neufs. C’est un film très personnel. La Semaine de la Critique montre chaque année les gestes de cinéma d’aujourd’hui. En faire partie cette année est très important pour moi.
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Sortie sur les écrans – mercredi 09 août 2017
Acteurs – Jean Michelangeli, Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi.
Prix – Festival de Cannes 2017, Semaine de la Critique
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