Nicolas Stromboni : Du pain, du vin, des oursins
Le succès de son livre « Du pain, du vin, des oursins » l’a un peu dépassé. Mais Nicolas Stromboni se réjouit de l’engouement suscité par la Corse dépeinte dans son ouvrage, moderne et respectueuse de ses traditions. Au festival Art’è Gustu, à Aléria, Nicolas Stromboni est venu avec les artisans qu’il connaît bien et qu’il veut mettre en lumière. Rencontre avec Pari(s) sur la Corse.
Vous attendiez-vous à un tel succès pour votre livre ?
On est un peu dépassé par les événements ! Il y a un vrai engouement autour de ce livre qui porte l’idée d’une Corse moderne, émancipée, mais qui ne s’affranchit pas de son passé. La réalité du livre, c’est la Corse. C’est une terre qui fait fantasmer, qui génère beaucoup d’émotions fortes, aussi bien pour les Corses que pour d’autres personnes. La Corse est parfois un raccord émotionnel justifié par des racines, des amitiés ou des fantasmes. Mais j’avoue, je n’imaginais pas que la Corse ait autant de fans ! Les droits du livre ont été rachetés en Australie, en Angleterre, en Allemagne,…
Comment définiriez-vous ce livre atypique ?
C’est un livre qui traite des gens qui font vivre la gastronomie, de leur culture, mais aussi de sociologie. J’ai choisi une approche contextuelle de la gastronomie. C’est aussi un livre militant car il donne à voir une Corse qui n’est jamais vue à travers les deux grands prismes habituels que sont la violence et la saison estivale. Art’è Gustu le prouve : tous les gens qui sont là ont un savoir-faire qu’il faut mettre en lumière, ils incarnent une Corse positive, qui crée, qui s’émancipe, qui devient autonome économiquement.
Comment avez-vous choisi les personnes présentées dans votre livre ?
Ce sont des gens qui, pour moi, travaillent bien et surtout ont envie de transmettre. Il y en a bien sûr beaucoup d’autres qui travaillent bien mais ceux-là ont envie d’entrer dans une Corse moderne, ils échangent des produits entre eux, ils sont dans une démarche de transmission et de compréhension. En se comprenant entre eux, ils s’expliquent aux autres.
D’où vient ce renouveau, cette modernité que vous saluez ?
La Corse a besoin d’entrer dans son temps, et elle y entre. Ma génération vit un tournant, on est vraiment dans une époque charnière pour la Corse. Les gens qui sont au cœur de ce changement en ont conscience. On passe d’une Corse qui était moyenâgeuse, qui n’avait pas changé depuis des siècles, à une Corse qui est parfois en avance sur son temps.
Vous vouliez aussi donner envie aux gens qui ne connaissent pas la Corse de la découvrir, au-delà des clichés ?
Je ne voulais pas donner des adresses, faire un catalogue ou un guide. Mais je donne aux gens les moyens de découvrir la Corse, de faire des recherches. La méthode est simple, il faut quitter les sentiers principaux et s’arrêter dans les villages, parler avec les gens,… La Corse ne se donne pas, elle se découvre.
Vous préparez un second tome du livre ?
Pas pour le moment. J’aimerais plutôt que ce livre soit le point de départ d’un courant, que d’autres livres dans cette veine paraissent.
En savoir plus
Du pain, du vin, des oursins – acheter le livre
Interview réalisée par Audrey Chauvet
Ce livre raconte la Corse secrète de Nicolas Stromboni à travers des produits, des hommes et des recettes. Il révèle les multiples facettes d’une gastronomie méconnue : la plus riche de France. Que mange-t-on en Corse ? Comment les produits sont-ils cuisinés selon les différentes région de l’île ? Qui sont celles et ceux qui entretiennent et restituent au quotidien ce patrimoine inégalé ?….lire la suite par ici.