Voce Ventu – Le retour attendu
Pari(s) sur la Corse met l’accent sur l’évènement musical de ces derniers mois en Corse : la sortie du dernier album de Voce Ventu. Ce groupe apprécié depuis de nombreuses années a dévoilé fin 2016 son album « Ci Serà Sempre Un Cantu », qui connait déjà un succès unanime. Une découverte à lire sur Pari(s) sur la Corse.
Un bel équilibre entre force et émotion.
Ce dernier opus recouvre un très bel équilibre entre force et émotion. Il permet subtilement de voguer entre mélodies entrainantes à chanter en chœur (Ti vecu la mio bandera, l’Aghjalesa), et titres plus poignants à écouter seul (« E more l’omu » ou « È vicinu à u mare » qui est une vraie merveille). Enfin, la très belle chanson « O Generale », BO du film « les exilés » de Rinatu Frassati, vient clore l’album, faisant presque figure d’hymne.
Un album ancré dans l’histoire et la culture Corse.
La force de cet album réside sans doute dans le fait qu’il soit profondément ancré dans l’histoire et la culture corse, tout en étant très universel et actuel. La qualité admirable des mélodies et des textes a déjà séduit de nombreux corses et est susceptible de toucher un public bien plus large encore. Voce Ventu fait incontestablement partie de ces artistes qui étoffent et font rayonner la culture corse !
Fréderic Poggi, compositeur, pilier et membre fondateur du groupe, a dévoilé à Pari(s) sur la Corse les dessous de cette belle aventure.
Pouvez-vous présenter Voce Ventu ?
Voce ventu c’est aujourd’hui un groupe composé de 13 personnes. Un noyau de 7 chanteurs puis 6 musiciens qui nous suivent pour certains depuis plus de 10 ans. Le groupe a évolué depuis sa création. Au départ nous étions 4 puis avons recruté d’autres membres (André Fazi et Anthony Geronimi) et de fil en aiguille la structure s’est modifiée puis renforcée. Pour ma part je suis avec Xavier Tavera, Eric Ressouche et Frédéric Sini, l’un des membres fondateurs. Après une période de sommeil de 3 ans, le groupe s’est restructuré en 2013 et a recruté de nouveaux membres dont Dumè Casalonga, Lionel Giacomini, Jean Philipe Martini…
Comment et quand est né le groupe ?
Voce ventu est né en 1995. C’était à la base un petit groupe d’animation formé d’anciens élèves de l’école de chant de Natale Luciani. À l’origine nous animions les soirées du Son des guitares à Ajaccio avant de commencer à tourner dans les villages de la région Ajaccienne. Nous n’avions pas choisi de nom particulier mais les gens nous demandaient comment nous nous appelions, nous avons donc, sans trop y réfléchir, pris pour nom le titre d’une chanson des Chjami Aghjalesi avec laquelle nous débutions toutes nos soirées.
Quelle est l’identité du groupe ?
Voce ventu s’inscrit dans la lignée des groupes du Riacquistu. C’est à dire mêlant musique et militantisme politico-culturel. Nous voyons la musique comme étant le véhicule de l’idée plutôt qu’un simple moyen de divertissement.
Quelles sont vos sources inspiration ?
Musicalement nous nous inspirons du style des groupes phares de la chanson corse tels « Canta u populu corsu » « chjami Aghjalesi » « A Filetta » mais aussi de quelques touches sud américaines que nous avons puisées chez « Quilapayun » et « inti-illimani ». Nous essayons sobrement de faire un mélange de ces influences afin de créer une couleur qui nous soit propre, simple mélodiquement mais avec un travail vocal et instrumental un peu plus recherchés. Pour ce qui est des textes la réponse est dans la question suivante. La Corse c’est… Notre source d’inspiration principale mais aussi un amour indéfectible même si elle est parfois dure à supporter dans ses paradoxes et dérives.
Quel est votre meilleur souvenir de scène ?
C’est à la fois le pire et le meilleur. Un concert à Fukuoka au sud du Japon en 2006, où nous avons eu à chanter après avoir fait près de 18 heures d’avion suivis d’une nuit blanche à nous amuser dans les rues de la ville. Nous étions tellement contents et électrisés par ce voyage que l’idée de nous reposer avant le concert ne nous a même pas traversé l’esprit. À la fin de la nuit, nous étions dans un état lamentable de fatigue, sans compter l’excès de saké. Nous avons ensuite passé la journée à répéter sur le toit de l’hôtel et nous nous sommes retrouvés, après des balances d’un compliqué extrême du fait de ne pas parler japonais, devant un public nombreux et très sérieux qui nous attendait dans une grande solennité. Nous, nous étions plutôt tendus, énervés et dormions debout cherchant malgré tout à garder une attitude professionnelle.
Un grand moment de solitude collective !
Du fait de la fatigue nous n’arrivions même pas à nous souvenir des paroles des chansons mais comme c’était un public qui ne connaissait pas la langue corse, nous avons chanté certains titres en « yaourt » sans montrer qu’on était à coté de la plaque. Un grand moment de solitude collective. Mais le résultat final a tout de même plu au public japonais et nous avons été ovationnés de longues minutes. Il faut reconnaître que nous manquions alors de maturité, depuis nous en avons gagné quelque peu.
Qu’avez-vous souhaité mettre en avant à travers votre dernier album Ci Serà Sempre Un Cantu?
C’est un album qui marque les 20 années d’existence de Voce Ventu. Un album étape où nous voulions, contrairement à l’anecdote précédente, montrer une certaine maturité dans notre parcours. Nous avons voulu qu’il soit la synthèse de nos influences musicales et thématiques. Cet album est aussi un hommage à ceux qui nous ont ouvert la voie et donné envie de suivre ce chemin du chant et du militantisme. Le titre est très évocateur de cette envie de chanter pour défendre nos valeurs de peuple et dénoncer tout ce qui le met à mal.
Où vous produirez-vous cette année ?
Sont prévus une quinzaine de concerts dans toute la Corse, de l’extrême sud à la Balagna. Nous y présenterons notre dernier album. Les dates déjà validées sont les 11 et 12 mai au palais des congrès d’Ajaccio. Le 9 juillet à Santa Lucia di Purtivechju. Le 13 juillet à Cavru. Le 21 juillet à L’Isula Rossa. Le 28 juillet à Coggia. Le 29 juillet à Munacia d’Auddè. Le 4 aôut à Vezzani et le 6 août à Quasquara.
Quels sont vos projets ?
A ce stade faire découvrir « Ci serà sempre un cantu » et commencer à préparer de nouvelles créations pour la suite du chemin.
Pour finir…quelques mots en Corse.
À ringrazià vi pè u vostru articulu è pè l’interessu ch’è vo ci avete purtatu è longa vita à « Paris sur la Corse ».
En savoir plus
Facebook – Voce Ventu
À écouter – E vicinu à u mare
Interview réalisée par Pauline Biaggi.