le rock corse – The Lazy Kings
C’est l’histoire de quatres amis bastiais dont l’ADN est profondément rock. Quatre jeunes lycéens qui ont la tête dans les guitares et qui concilient leur passion avec leurs études. Ils sont porteurs d’une musique minoritaire en Corse qui tente de se construire un avenir en trouvant la place qu’elle mérite. The Lazy Kings fait parti des groupes qui ont du talent et qui donnent une image dynamique de l’île. Un style de musique qui peut cohabiter avec intelligence avec d’autres cultures musicales corses. Dans quelques jours c’est à Paris qu’ils viendront démontrer leur savoir faire avec l’envie d’en découdre avec un public qui faut continuer à conquérir. Rencontre avec l’un de leur manager sur Pari(s) sur la Corse.
Le groupe « The Lazy Kings » se compose de quatre lycéens bastiais, précoces, car ils ont commencé tôt parce qu’ils savent et constatent que la route de la création rock est longue et sinueuse, enthousiastes, infatigables et lucides : ils savent qu’il y a peu d’élus dans le monde du rock professionnel et qu’il faudra rencontrer les bonnes personnes au bon moment.
Qui sont les membres du groupe ?
Au chant c’est Louise Finel-Lanfranchi qui a 16 ans, à la guitare nous avons Dimitry Desbonnez, à la basse Marc-Alexandre Morrachini et Lucas Guille à la batterie ; tous les trois ont 17 ans.
La Corse c’est…
Louise est de Tox par sa mère et est revenue vivre en Corse voilà 7 ans. Marc-Alexandre, d’Ocana et de Furiani par ses parents ; il a vécu une partie de sa jeunesse sur le continent avant de revenir en région bastiaise. Lucas et Dimitry, dont les racines familiales sont sur le continent et jusqu’en Cote d’ivoire, ont toujours vécu du coté de Bastia.
Quand a été créé le groupe ?
The Lazy Kings a été créé en novembre 2011 par quatre collégiens de Simon-Vinciguerra à Bastia, dont l’un a été ensuite remplacé par Louise. Se sont amitiés de cour de récréation, chez des ados culturellement plutôt atypiques car portés sur une musique minoritaire dans la jeunesse corse.
Pourquoi ce nom ?
Il signifie « les Rois Fainéants ». Il a été choisi pour sa phonétique, tonique et parce qu’il faisait un écho lointain à Led Zeppelin, le groupe de hard-rock des années 70 ; enfin parce que les Rois Fainéants, ça a un côté plutôt sympathique. Ce nom n’a rien de programmatique ni d’idéologique !
Comment concilient-ils leurs études et la musique ?
Les trois garçons sont en terminale, Louise en première. Le samedi après-midi est consacré aux répétitions et quelques week-ends par an aux concerts, y compris hors de Corse mais il n’est pas question de mettre la charrue avant les bœufs ! Bref le groupe se bride volontairement pour ne pas empiéter sur les études. Si les parents se sont largement investis dans le groupe, en termes matériels et logistiques, ce n’est pas pour donner aux membres des illusions mais au contraire pour qu’ils apprennent à gérer des activités très distinctes, pour l’instant la musique et école, comme plus tard peut être la musique et la vie de famille. Le début du cursus post-bac sera très compliqué à gérer mais d’un autre côté, il laisse entrevoir la possibilité de commencer une nouvelle vie artistique : le rock sur le continent.
Quels groupes les inspirent ?
Ca évolue au fil des années. Le rock/hard-rock des années 70, pour sa grande liberté, notamment en terme de durée des chansons, reste la base mais les membres chacun de leur côté « picorent » dans tout ce qu’il s’est fait depuis, jazz-fusion, psyché etc., y compris en dehors du rock. Parmi les louanges les plus flatteuses faites au groupe, on retiendra le fait d’avoir une certaine « culture » musicale. Pour l’anecdote, en parallèle du groupe, Louise fait du chant classique ! On cherche à ce que cette diversité d’inspiration se retrouve dans les compositions. Rien de pire qu’un groupe qui en concert donne le sentiment de jouer toujours sur le même registre.
Comment communiquez-vous ?
C’est essentiellement la page Facebook et quelques vidéos de chansons en concert sur Youtube. Le groupe a pour projet de monter son propre site. On a eu droit ce printemps à une page entière sur le supplément du vendredi de Corse-matin et c’est sûr qu’on serait très intéressés par un accès aux médias audio-visuels, y compris pour diffuser nos chansons. Et nous savons que les sites en ligne peuvent élargir le public et faire connaître de certains décideurs.
Cette aventure leur apprend à vivre et à progresser ensemble.
C’est un âge où l’on est parfois instable, où l’on part dans plein de directions et là, les quatre se sont accordés pour monter un projet stable, qui ne grille pas les étapes. Et puis, ils ont quand même pas mal voyagé, 6 concerts sur le Continent, et de partout en Corse, ca fait voir du pays et des gens très divers. Et puis chaque concert est une aventure qui oblige à gérer le stress. C’est une aventure qui fait grandir.
Le groupe a une soixantaine de concerts à son actif
La scène est le lieu par excellence du rock, pour apprendre à jouer ensemble, tenter de séduire le public, prendre des risques. Les lieux marquants ont été le festival Nautic et music de Bonifacio l’automne dernier, le passage dans des conditions du direct sur Via stella à l’émission U live de Laurent Vitali l’été dernier, la grande scène de la finale du tremplin Class’eurock à Aix en Provence le 21 juin dernier, le festival Corsican Woodstock à Poggio d’Oletta le 27 juin dernier, la salle Anima à Prunelli cet hiver, l’Aghja à Ajaccio l’hiver dernier.
Le plus beau souvenir ?
Peut être le passage à la télé, pas par narcissisme mais parce que d’un côté, on a été traité comme des professionnels (loge, maquillage etc.), de l’autre, on a dû s’adapter en un court laps de temps à un environnement particulier, à des contraintes nouvelles et on s’en est plutôt pas mal sorti. Sinon, la résidence rock d’une semaine dans les Hautes-Alpes au printemps 2015, aux côtés de 7 autres groupes, dans un hôtel transformé en monastère du rock, encadrés par des pros, avec au bout plein de rencontres et un single enregistré dans de bonnes conditions.
Quels sont vos projets à Paris ?
Par relation, on a fait écouter des chansons à un rockeur parisien ayant une grosse culture dans ce domaine musical. On a sympathisé et il a monté deux concerts pour nous, les 17 et 18 octobre. Le but est de s’y faire connaître, d’échanger avec ceux qui joueront également ce soir-là et de mesurer notre capacité à accrocher un public qui ne nous connaît pas. C’est mille fois plus important et motivant que de se lisser griser par des likes et des commentaires en ligne même s’ils nous touchent parfois, surtout venant d’inconnus. Et si la Diaspora pouvait y venir nombreuse, se laisser surprendre par une musique que l’on associe pas forcément avec le mot CORSE. Dans la foulée de Paris, on refait une résidence rock de quatre jours en Provence avec au bout un concert à Forcalquier le 23/10.
Le Rock en Corse a t-il un avenir ?
On pourrait être pessimiste, rabâcher que les patrons d’établissements ne misent que sur les groupes de reprises, que les médias sont fermés au rock, que les organisateurs de festival sont frileux avec le rock local, que les associations qui le promeuvent, par exemple le Rezo en Haute-Corse, Old school à Ajaccio, ne sont pas assez soutenues par les institutions, que les élus manquent de culture en la matière, que les décideurs économiques ne font pas de mécénat. Tout cela est vrai mais s’en plaindre n’arrange rien ! En début d’été, nous avons eu une grosse lueur d’espoir grâce aux gars du groupe Owls, le premier Corsican Woodstock. Snobé par les journalistes, il a rassemblé jusqu’à un millier de personnes dans le vignoble de Patrimonio grâce au bouche à oreille. The Lazy Kings a pu jouer une heure de compositions, surprenant très agréablement le public qui n’imaginait pas 4 jeunes s’affranchir des reprises ! Et puis chaque semaine dans le supplément la Corse de Corse-matin, Eric Buggea entretient la flamme du rock en nous le contant avec un sacré plume. Reste aux rockeurs à donner une bonne image d’eux-mêmes auprès de ceux qui prennent les décisions et ont l’argent, comme a su le faire la musique identitaire corse.
le Rock peut donner une image dynamique de l’île.
Que les décideurs comprennent que le rock peut donne une image dynamique de l’Ile à travers des festivals voire comme produit d' »exportation » culturelle. Le public d’ailleurs a souvent été surpris d’apprendre que TLK était composé de jeunes corses. Comme quoi le rock peut faire tomber les clichés !
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Page Facebook : The Lazy Kings
Vidéo concert : The Lazy Kings