la Corse qui bouge et entreprend

Isulatine

Né de la passion commune pour le chant, le groupe vocal ISULATINE fait parti des formations musicales qui représentent avec force la sensibilité du chant polyphonique corse au féminin. Si leur répertoire comprend des morceaux traditionnels, c’est surtout l’univers de la création qui prédomine lors de leurs différentes prestations en Corse et sur le continent. Une histoire qui a débuté au printemps de Bourges en 2005. Le groupe ISULATINE est aujourd’hui une formation décrite comme une valeur sûre de la tradition polyphonique Corse. D’un public curieux aux inconditionnels, les voix du groupe touchent les coeurs et racontent une île riche de ses traditions et résolument tournée vers le partage. Pari(s) sur la Corse est allé à leur rencontre. 

isulatinePouvez-vous vous présenter ? 
Je m’appelle Elisabeh Volpei Parigi et je fais partie du groupe ISULATINE. Antoinette D’Angeli, Pascale Landolfini, Maryline Pietrucci et moi même formons le groupe. La guitariste classique Sandrine Luigi nous a rejoint il y a un an.

Quand a débuté l’aventure Isulatine ?
Le groupe est né en 1998. Antoinette et moi faisions partie d’un groupe précédent nommé Anghjula Dea. Nous avons voulu avoir une autre démarche, plus créative. C’est ainsi qu’est né Isulatine, sous la forme d’une association ayant pour but de mettre en avant notre langue, à travers la poésie, le chant. Paulu Santu Parigi en est le président.

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isulatineQuels sont vos parcours respectif ?
En Corse, dans toutes les familles il y a des chanteurs, des chanteuses…tout du moins des personnes qui baignent dans un milieu culturel très présent où la langue et la tradition ont une importance primordiale. Alors même si par la suite on peut avoir des influences extérieures, des affinités avec un style de musique en particulier, le socle familial reste d’une extrême importance. Cela dit si certaines ont suivi un parcours purement traditionnel à travers l’apprentissage de monodies et de polyphonies, d’autres se sont ouvertes au jazz ou au classique. Ainsi Antoinette apporte le piment du rythme jazzy, Pascale la précision de la poésie parlée et chantée, Maryline et moi, la rusticité de nos terres et Sandrine, le savant mélange de la tradition et du classique.

Pourquoi le nom Isulatine ?
Le nom du groupe a été inventé par Paulu Santu. Antoinette et moi nous sommes de suite retrouvées dans cette identité. ISULATINE est la contraction de deux mots, ISULA et LATINE : ÎLE et LATINE. L’île, celle que l’on porte dans notre cœur et l’appartenance à la latinité.

Quelle est votre principale source d’inspiration ?
C’est notre terre et ce qui nous semble être nos valeurs. À partir de là les déclinaisons sont infinie : la nature, l’enfance, l’amour d’une mère, d’une femme. La Vie !

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Le style d’Isulatine c’est surtout cette force et cette passion communes qui nous animent et puis l’originalité
Nous avons voulu nous inscrire dans notre paysage culturel en respectant ce que nos anciens nous ont transmis et en éclairant notre parcours par la création. Des poésies écrites pour la plupart par Paulu Santu mais aussi par Pascale et d’autres poètes de notre île, mises en musique par Antoinette, Maryline et moi-même, arrangées pour la guitare par Sandrine, accentuent une sensibilité féminine bien présente en chacun de nous.

isulatine5Justement la polyphonie est plutôt un chant masculin ?
Ou plutôt « a paghjella », ce chant de berger à trois voix, présent depuis des siècles sur notre terre. Alors oui « a paghjella » est un chant d’hommes avec une ligne mélodique particulière composée d’une seconde, la voix principale, d’une ou plusieurs basses et d’une tierce la haute. Mais elle fait quand même partie de nous. Et au début nous nous sommes exercés à cet exercice difficile pour créer nos propres polyphonies. Je vous répéterai ce que nous entendons au sortir de nos concerts. La comparaison avec les groupes d’hommes parait inévitable et pourtant elle est vite effacée et laisse place à ce que nous voulons exprimer : une émotion, reflet de notre féminité et de notre engagement

Les groupes « masculins » ont tout de suite aimé notre démarche
Les groupes « masculins » ont tout de suite aimé notre démarche parce que je pense que nous chantons comme des femmes et non pas comme des femmes qui voudraient copier des hommes ! Ils sont d’ailleurs nombreux à nous solliciter pour leur festival ou pour partager des concerts.

isulatine7Comment voyez-vous la femme corse d’aujourd’hui ?
La femme corse d’aujourd’hui est déjà celle d’hier. Elle a toujours été celle qui dirige et qui est à la tête de son foyer dans le respect de sa famille. Le petit plus est que maintenant elle n’hésite pas à se mettre sur le devant de la scène et les hommes en sont fiers.

3 mots pour définir la Corse actuelle ?
Contraste, force, volonté.

Est-ce cette Corse que vous chantez ?
Nous chantons la Corse qui nous déçoit, qui nous émeut, qui nous passionne mais que nous aimons de toute façon.

Se produire en dehors de la Corse est une chance pour partager la passion de notre terre
Lorsque nous avons la chance et l’opportunité de pouvoir nous produire ailleurs, nous le faisons avec grand plaisir afin de partager notre passion et faire découvrir un petit bout de notre terre, peut être une autre facette de cette île riche de son histoire et de ses traditions. Chaque groupe apporte quelque chose de différent et nous espérons toujours qu’une fois les petits bouts mis ensemble comme dans un puzzle, les personnes peuvent découvrir ou redécouvrir une terre sur laquelle ils auront envie d’en savoir plus.

Partager pour faire comprendre ce qui anime notre engagement
Pour cette raison, nous alternons la voix chantée en langue corse et la voix parlée en langue française de manière à ce que les spectateurs puissent ressentir l’émotion, entendre combien notre langue est belle et comprendre notre démarche et ce qui anime notre engagement. Afin d’aller plus loin dans le partage, nous proposons lors de nos tournées, des stages d’apprentissage de nos chants traditionnels et créatifs. La satisfaction d’accueillir des personnes sensibles et ouvertes à notre culture et de transmettre, comme nous pouvons le faire chez nous auprès d’adultes mais aussi d’enfants, nous ravit et nous fait croire en un avenir de respect de ce qui est inconnu.

isulatine2Combien d’albums avez-vous produits ?
Nous avons produit deux albums : Sogni D’aprile (rêves d’avril) et Sumen’amore (sème l’amour) qui sont essentiellement « a capella ».

Parlez nous du festival que vous avez initié «Femin’arte» ?
Nous sommes toujours dans le partage et la mise en valeur de talents féminins. Nous avons donc initié un festival depuis maintenant 7 ans, de voix de femmes « Femin’arte » qui se déroulera les 7, 8 et 9 août 2015 avec à l’honneur cette année essentiellement du chant et les voix d’artistes féminines d’ici et d’ailleurs. La démarche affichée est la volonté d’inscrire ce festival comme incontournable même si nous n’avons pas choisi la facilité en nous produisant dans des petits villages d’une région du centre Corse, le Boziu. Notre propos est d’offrir nos spectacles aux personnes qui vivent dans nos montagnes et pourquoi pas d’attirer ceux de la plaine !

Quelles sont vos prochaines dates de concert ?
En Août : 7, 8, 9 Femin’Arte (Erbaghjolu / Sta Lucia / Sta Andria), 18 Calvi, 25 Pigna, 28 Purtichju. En Septembre, 25 Bastia. En Octobre, 29 Bunifaziu. En Décembre, 2 et 3 Domaine de Murtoli

Des projets à venir ?
Nous avons en projet un album qui sera un mélange de chants « a capella » et de chants accompagnés de la guitare classique qui, pour nous, est plus la cinquième voix du groupe que l’accompagnement d’un instrument de musique. Nous travaillons également sur une œuvre poétique avec un groupe corse et un groupe sarde ayant pour thème la femme en Méditerranée. Et nous avons des projets de tournées aussi en France métropolitaine et en Italie avec des stages.

En savoir plus
Blog : Isulatine
Page Facebook : Isulatine
Crédit photos : Olivier GOMEZ