En scène avec Alexandre Oppecini et son T-Rex
Jeune cadre dans une grande banque, Alexandre est propulsé manager. Une opportunité de carrière à saisir. Mais le terrifiant T-Rex de son enfance resurgit… Le burn-out est sur le point de le dévorer…Après Bastia, Alexandra Oppocini monte sur scène à Paris pour une chronique de vie de bureau plus ou moins ordinaire…Explication sur Pari(s) sur la Corse.
Pouvez-vous vous présenter ?
Alexandre Oppecini, j’ai 35 ans. Je suis auteur, metteur en scène et comédien. Je suis né à Bastia, et ai fait toute ma scolarité en Corse. Puis j’ai quitté l’île pour faire des études scientifiques après le bac. Quand j’ai eu ma licence, j’ai décidé de tenter les cours d’art dramatique et depuis, je suis ma voie. J’ai suivi plusieurs cours et différents stages en autodidacte. Assez rapidement, je me suis tourné vers l’écriture et la mise en scène. En 2012, je crée La Compagnie Spirale pour créer mon premier spectacle professionnel. Roméo et Juliette : La rencontre.
La Corse c’est…
C’est l’endroit où je suis né. Chaque héros quitte sa maison pour y revenir grandi après une belle aventure. C’est donc mon point de départ et mon point de chute. C’est en Corse que se trouvent ma famille et mes amis. Lorsque j’avais 17 ans, j’avais besoin d’air. Il me fallait vraiment quitter cette île qui devenait trop petite pour moi. Aujourd’hui, je me rends compte que je ne la connais pas si bien que cela et je ne peux pas rester loin d’elle plus de quelques semaines. Elle est une source d’inspiration profonde. C’est à Pietranera, au bord de la mer que je me sens me mieux pour écrire.
Quand et comment est née votre passion pour le théâtre ?
C’est un des grands mystères de ma vie. Je crois que j’ai cela dans le sang, ça ne s’explique pas. Il m’a fallu du temps pour le découvrir puisque j’ai réellement commencé le théâtre lorsque j’étais à l’université. J’avais au fond de moi une immense envie de m’y mettre sans pourtant oser l’exprimer. Il faut du temps pour sortir des sentiers battus. J’étais bon élève. J’avais toutes les chances de trouver une bonne situation après ma classe prépa.
Ca a été plus fort que moi, j’ai tout abandonné pour le théâtre.
Pourtant, ça a été plus fort que moi. J’ai tout abandonné pour le théâtre. Mais je vous avouerais que je ne peux toujours pas dire si le théâtre est la finalité de ma vie. Aujourd’hui je me laisse porter par les projets. Littérature, Théâtre, Cinéma. Auteur, metteur en scène, acteur. La seule chose dont je suis sûr, c’est d’avoir envie de raconter des histoires. C’est plus fort que moi.
Quel est votre parcours ?
Je suis sorti des Cours Florent en 2006. J’ai un peu travaillé à Paris en jouant dans quelques pièces (Paroles d’étoiles, La cuisine d’Elvis). J’ai joué aussi en Corse, notamment dans Caligula de Camu, mis en scène par Jean Pierre Lanfranchi. J’ai aussi la grande chance de travailler à New York, avec la compagnie Diffractions et d’entrer en résidence d’artiste au lycée Français. Mais c’est à la création de ma compagnie que j’ai commencé à vraiment prendre le métier à bras le corps.
Ma première création Roméo et Juliette : La Rencontre
Avec Léopoldine Serre et robin Causse a tout de suite séduit le public. Puis j’ai créé L’Enseigneur de Jean Pierre Dopagne en mettant en scène Rébecca Grammatyka. Le spectacle a tourné en Corse et sur le continent. Mais c’est vraiment en 2016 avec les créations T-REX (chronique d’une vie de bureau ordinaire) que j’ai écrit et que j’interprète dans une mise en scène de Marie Guibourt, et Davia, La Sultane Corse, que j’ai écrit et mis en scène avec Hélène Roisin, Btisam Zitoun et Marie Ange Geronimi que la compagnie a pris son essor.
Qui compose « La Compagnie Spirale » ?
Je dirais très égoïstement que je suis le cœur de la compagnie. Ensuite, c’est en fonction des projets. Chaque nouveau projet permet de faire de nouvelles rencontres et de s’ouvrir à de nouvelles cultures.
Comment vous aide la ville de Bastia, son théâtre ?
La ville de Bastia m’a vraiment permis de me lancer. Roméo et Juliette, La rencontre et Davia sont des spectacles qui ont été créé à l’occasion du festival d’été I Sulleoni, mise en place par la Direction des Affaires Culturelles de la ville. Ensuite,ces créations sont devenus des spectacle à part entière qui ont pu faire leur vie et se jouer en Corse et sur le continent. Quant à T-REX, et la prochaine pièce Paume contre Paume – Apperlamanu, c’est au centre culturel l’Alb’Oru après une résidence de création, grâce à Frédérique Balbinot, que les spectacles ont pu voir le jour.
Je me sens tellement chanceux d’être suivi par la ville de Bastia
Sans oublier, l’action culturelle de la ville a récemment programmé Paroles d’Étoiles, un spectacle que j’ai mis en scène pour une compagnie normande, Les Ondes Porteuses. Cela nous a permis de présenter ce spectacle au public et aux scolaires avec un travail pédagogique de fond sur la seconde guerre mondiale, le tout mené par Éloïse Casanova. La ville se donne un maximum de moyen pour essayer de promouvoir les artistes insulaires et les connecter au public.
Quelles pièces avez-vous déjà jouées en Corse ?
En dehors de La Compagnie Spirale, j’ai joué Caligula, dans une mise en scène de Jean Pierre Lanfranchi. J’ai également eu la chance de mettre en scène La Passion de Maria Gentile de Marie Ferranti. Je travaille aussi régulièrement avec la compagnie Tutt’in Scena avec qui j’ai créé les spectacles Spoon River d’Edgar Lee Master et Microfictions de Régis Jauffret. Ces spectacles sont le résultat d’atelier de travail sur des monologues.
Que pensez-vous du développement et de l’essor du théâtre en Corse ?
Comme partout en France, le théâtre est en difficulté. Il y a plusieurs problèmes, concernant le financement, la diffusion, la reconnaissance des amateurs et des professionnels, la formation, la langue Corse…Cependant la région est au courant de ces problèmes. Le nouveaux règlement des aides devrait permettre d’aider en fonction des projets et en finir avec un certain clientélisme sclérosant qui empêche le théâtre de prendre un nouvel essor. C’est en tout cas la volonté affichée de Josepha Giacometti, conseillère exécutive déléguée à la culture, qui a réuni les principaux acteurs de la culture en Corse lors des « ateli »afin de définir un meilleur moyen d’aider les compagnies et les productions.
T-Rex…votre nouvelle pièce a-t-elle été jouée en Corse avant Paris ?
Oui. une première version de la pièce est créée à l’occasion de E Teatrale, festival organisé à l’époque par Jean Pierre Lanfranchi. En 2017 la pièce est re-créée à l’Alb’Oru et diffusée dans les principales salles de spectacle de Corse. A l’occasion du festival Régions en Scène, la pièce se joue à Marseille et à Avignon au théâtre des Carmes. 2018 marque l’arrivée de la pièce à Paris au théâtre de la Contrescarpes.
Le picth en quelques mots ?
Alexandre, la trentaine, est cadre dans les back offices d’une grande banque internationale à Paris. Un lundi matin, il se retrouve propulsé officieusement au poste de manager de son service. Une vraie opportunité de booster sa carrière ! Pourtant, dès sa prise de fonction, un monstre de son enfance refait surface. Le Tyrannosaurus-Rex, appelé plus intimement le T-REX, surgit dans ses rêves pour le terroriser. Entre les insomnies et la surcharge de travail, Alexandre tente de prouver à sa hiérarchie qu’il a les épaules pour gérer son équipe et la migration du nouveau logiciel… Pourtant la folie le guette : le T-REX le harcèle jusqu’à s’emparer de lui.
Comment traitez-vous de la déshumanisation des relations au travail ?
le T-REX représente la part reptilienne de notre cerveau, celle qui assure toute les fonctionnalités de survie, telle que manger, boire, dormir, fuir, se reproduire… Le réveil du T-REX n’est donc qu’une allégorie de l’émergence de la nature en Alexandre. Il perd le contrôle de son propre corps. Le monstre se réveille pour lui dire STOP. Mais lui s’est complètement aliéné dans son rôle de manager. Il utilise ses collaborateurs pour arriver à ses fins et la mise en scène s’est justement inspirée du théâtre d’objet pour imager ces relations de travail.
C’est le T-REX qui finalement marque le retour de l’humain dans ce monde de robot
Alexandre utilise ses collaborateurs comme des simples fournitures de bureaux qu’il jette à la poubelle lorsqu’elles ne servent plus. Comme dans l’entreprise, le salarié est réduit à sa simple fonction et c’est le T-REX qui finalement marque le retour de l’humain dans ce monde de robot.
Comment peut-on retrouver du sens dans les entreprises ?
Il faudrait que le salarié puisse avoir confiance dans son entreprise. Mais est-ce seulement possible lorsque les plans sociaux se multiplient, alors que les dividendes des actionnaires s’accroissent aux rythmes des délocalisations, sous l’oeil bienveillant des politiques ? Il faudrait que l’entreprise elle-même puisse trouver un sens autre que celui du profit à tout prix. Mais dans notre ère capitaliste, cela n’est pas la priorité… Les enjeux du 21eme siècle sont, à mon sens, la protection de l’environnement et le développement de la solidarité entre les peuples. Ce n’est pas vraiment la préoccupation première du CAC 40 et de La République En Marche.
Il faut essayer de comprendre ce qui nous rend heureux dans la vie
Je crois qu’il faut trouver un sens à sa vie où que l’on soit. Il y a moyen de faire des burn out en Corse aussi, voire de mourir d’ennui. Le confort de vie n’est pas une fin en soi. Il faut savoir prendre du recul sur sa vie. Essayer de sortir des schémas qui nous sont imposés dès notre scolarité. Essayer de comprendre ce qui nous rend heureux – c’est à dire utile. C’est exactement ce que vient dire le T-REX à Alexandre dans la pièce.
« Après il est parfois plus facile de trouver ses réponses à ses problèmes en se baladant sur le sentier des douaniers plutôt qu’en se morfondant dans son petit deux pièces parisiennes, je vous l’accorde. »
Pendant combien de temps êtes-vous programmé à Paris ?
Pour l’instant, le spectacle se joue tous les dimanches à 18H30 et tous les lundis et mardis à 21H00 et ce jusqu’au 27 mars 2018. Pour l’instant…. Le théâtre de la Contrescarpe est un endroit merveilleux et on n’est pas à l’abris d’y trainer un peu plus longtemps.
Combien il y a d’acteurs sur scène ?
Je suis seul sur scène 🙂 Mais j’ai toute une équipe qui bataille avec moi. D’abord ma metteuse en scène Marie Guibourt puis ma scénographe et éclairagiste, Lucie Joliot. Mais, surtout, Damien Dufour, caché derrière sa console régie, qui me suit avec les effets lumières, son et musique afin de faire voyager le spectateur. Sans eux, pas de spectacle !
La suite ?
Prochainement, sort mon premier court métrage, Sur Tes Traces, avec Cedric Appietto, Marie Pierre Nouveau et Tim Colonna, un jeune comédien de 12 ans que vous ne connaissez pas encore mais qui est extraordinaire… Une trouvaille de Julie Allione, notre directrice de casting nustrale. Le film est produit par Chjachjarella Produzione et soutenu par France 3 Corse Viastella et la Région. Vous pourrez me voir en tant qu’acteur dans Over La Nuit, la nouvelle série de FR3 Corse Viastella, produite par Paul rognoni de Mareterraniu, et dans Au Commencement, court métrage d’Isabelle D’Olce, produit par les Films Portalis, où j’interprète Charles Bonaparte. Ma prochaine pièce, Paume Contre Paume – apperlamanu, se jouera le 30 novembre 2018 à l’Alb’Oru à Bastia et en tournée en Corse. Je ne vous en dis pas plus pour l’instant, le casting est en cours…
En savoir plus
BilletRéduc T-Rex – www.billetreduc.com/202066/evt.htm
Site – Théâtre de la Contrescarpe