Interview #66 : Super Micky

Motiver les élèves été comme hiver et les aider à garder la forme, tel est le quotidien de Micky, professeur de fitness indépendante et ex-championne de Corse de bodybuilding. Un parcours sportif construit sur le tard en Corse qui prouve que tout est possible lorsque la volonté est là. Rencontre avec cette bombe d’énergie qui fait bouger locaux et touristes toute l’année de 18 à 86 ans !

Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Micky, ou du moins c’est le nom sous lequel tout le monde me connait. Je suis prof de fitness dans la région de Porto-Vecchio depuis près de 25 ans maintenant et toujours en pleine forme à 61 ans !

La Corse c’est…
C’est chez moi maintenant, je ne me verrais pas vivre ailleurs. On m’a pourtant proposé de partir bien souvent, à Paris et même à Moscou où j’ai une élève que je vois l’été. Mais rien à faire je reste ici, je suis trop bien. Et je suis d’ailleurs impliquée dans la vie insulaire à bien des niveaux en dehors du sport, comme l’environnement et la politique.

Quel est ton parcours ?
Je suis une ancienne obèse, j’ai pesé 97kg, j’étais mariée avec 2 enfants en bas-âge, une « grosse dondon » comme on dit. C’est une maladie héréditaire dans ma famille, ma grand-mère pesait 120kg. Mais je ne supportais pas ça. Je ne pouvais plus me voir dans le miroir et j’ai décidé de me prendre en main, en commençant par me séparer de mon mari ! J’ai suivi un régime, me suis mise au sport et ai beaucoup perdu, très vite. C’est là que j’ai décidé de partir en Corse où j’avais des copains. J’y ai commencé la musculation encouragée par une amie et suis vite devenue accro, au point d’être sacrée championne de Corse de bodybuilding en 1992 avec une sélection pour les championnats de France. Un comble pour moi qui n’avait pas du tout été sportive dans ma jeunesse. Là j’ai découvert l’envers du décor avec les stéroïdes et autres compléments alimentaires. C’est un monde qui ne m’a pas plu, je me suis dit qu’il fallait sortir de ça et vite.

Du bodybuilding au cours de fitness
Je me suis intéressée de plus près au fitness, je suivais d’ailleurs déjà des cours en parallèle en tant qu’élève. Petit à petit j’ai commencé à y prendre goût et à vouloir développer mes connaissances. J’ai fait une première formation à Aix en Provence pour apprendre la pédagogie et me suis lancée à Sotta en tant que prof. A la base, j’ai une formation de secrétaire comptable, mais cela ne me plaisait pas du tout, j’aurais voulu enseigner l’anglais ! Ce sont mes parents qui m’ont poussé à choisir une filière où il pensait qu’il y aurait plus facilement du travail. J’ai passé mon diplôme d’état des métiers de la forme en 1998. Avec des élèves d’une moyenne d’âge de 25 ans quand moi j’en avais 45 ! J’en ai bavé pendant 2 ans avec une semaine de formation par mois à Ajaccio. J’avais mon boulot, mes 3 enfants, il fallait étudier, s’entraîner. Mais je voulais ce diplôme car il me permettait d’ouvrir une salle, de devenir préparatrice physique et offrait de nombreuses perspectives pour l’avenir.

Comment as-tu fait pour ouvrir ta première salle ?
Mes diplômes et formations en poche, je suis allée voir le maire de la commune de Sotta où je vis pour lui dire que je voulais donner des cours. Il m’a beaucoup aidé et m’a permis de trouver une salle. J’étais la première à donner des cours là-bas, il n’y avait rien à l’époque. Par la suite, j’ai été contactée par un établissement à Porto-Vecchio pour y exercer et ai commencé à donner des cours au CACEL en 1995. Je trimballais mon matériel chaque jour dans une 4L fourgonnette, et à l’époque les steps étaient en fer ! J’ai continué à travailler avec cet établissement jusqu’en 2000 et y ai créé le 1er cours de hip hop qui a très vite cartonné. J’avais des élèves de 4 à 18 ans avec qui nous avons d’ailleurs gagné beaucoup de prix. J’ai ensuite créé une association et ouvert une autre salle dans la région jusqu’en 2013 où je donnais des cours de fitness avec une collègue. Et puis la concurrence a commencé à arriver, ma collègue a eu de petits soucis qui l’ont contraint à arrêter. L’un dans l’autre je me suis retrouvée seule et j’ai dû arrêter. J’ai fermé ma salle pour devenir indépendante.

Tu donnes des cours d’aquagym été comme hiver, quels sont les bienfaits pour le corps ?
Ils sont multiples. Le renforcement musculaire déjà, le drainage aussi grâce au massage provoqué par l’eau, très efficace pour la peau d’orange. C’est un travail très cardio sans les courbatures ! Et c’est une discipline qui convient à tous, jeunes, vieux, femmes enceintes, personnes avec des pathologies diverses…

Les corses sont-ils des sportifs ?
Les femmes oui, ça commence à rentrer dans les mœurs. On a besoin de bouger, marcher, faire du vélo…Beaucoup plus que lorsque je suis arrivée. Je pense que c’est dû à une plus grande ouverture sur l’extérieure, ce qui vient du « continent » nous ouvre de nouvelles perspectives.

Quelle différence un coach personnalisé apporte-t-il ?
L’encadrement. Mon rôle est d’encadrer la personne, de l’aider à atteindre ses objectifs, étape par étape. Lorsqu’on participe à des cours avec plusieurs centaines de personnes il n’y a pas de place pour la correction individuelle et cela peut devenir dangereux. Je souhaitais garder mon indépendance, un potentiel de création sur mes cours. C’est différent de certains cours en salle, comme les programmes Mills par exemple où ce sont des circuits donnés et répétitifs.

En quoi la Corse est-elle le cadre idéal pour tes activités ?
L’été, je donne des cours d’aquagym à la piscine ou à la plage, parfois j’improvise des cours de Taï Chi dans la Pinède, que demander de mieux ?

Qui sont tes clients ?
Des locaux et des touristes venus du monde entier. Aujourd’hui, ma clientèle va de 18 à 86 ans. Et croyez-moi, même à cet âge-là, on peut garder la patate !

Comment te fais-tu connaître ?
Par le bouche à oreille, j’ai beaucoup bougé sur la Corse et rencontré du monde. Et les réseaux sociaux qui sont très utiles aussi, Facebook surtout. C’est une très bonne vitrine publicitaire et cela attire une nouvelle clientèle.

Tes conseils aux jeunes ?
En Corse, rien n’est impossible, il faut s’accrocher. Importer de nouveaux concepts est possible même si souvent le problème de l’insularité nous cause un certain retard. Si tu as de bonnes idées, il n’y a pas de raisons que ça ne fonctionne pas. Quand je suis arrivée ici, l’aquagym n’existait pas et le fitness démarrait à peine avec une seule salle à Porto-Vecchio. Aujourd’hui cela s’est bien développé, preuve que les choses évoluent !

Tes projets ?
La retraite peut-être ? Non, je plaisante bien sûr, je souhaite continuer ce que je fais. Et je ne peux pas laisser tomber ma clientèle non plus ! Je veux continuer à faire des cours de qualité, je m’investis pour. J’ai l’œil de la professionnelle, je vois le résultat et le chemin pour y arriver. Vous avez un objectif ? Je suis là pour vous aider à l’atteindre.

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Interview réalisée par Chloé Nury
Page Facebook – Micky Associuinritmu